{"id":1018,"date":"2021-04-14T10:30:00","date_gmt":"2021-04-14T08:30:00","guid":{"rendered":"https:\/\/www.veracash.com\/fr\/blog\/?p=1018"},"modified":"2022-01-17T15:59:57","modified_gmt":"2022-01-17T14:59:57","slug":"quels-mecanismes-peuvent-expliquer-les-taux-negatifs","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.veracash.com\/fr\/blog\/quels-mecanismes-peuvent-expliquer-les-taux-negatifs","title":{"rendered":"Quels m\u00e9canismes peuvent expliquer les taux n\u00e9gatifs ?"},"content":{"rendered":"
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Depuis environ trois ans, la France est entr\u00e9e dans l\u2019univers \u00e9trange des taux n\u00e9gatifs. Outre l\u2019aspect \u00e9conomiquement contre-nature de cette notion, comment expliquer qu\u2019on soit arriv\u00e9s \u00e0 une telle aberration ?<\/p>\r\n
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Apr\u00e8s la crise des subprimes<\/a> de 2008, on s\u2019est aper\u00e7u de l\u2019extr\u00eame fragilit\u00e9 des banques du monde entier en raison de leur tr\u00e8s forte exposition \u00e0 des actifs risqu\u00e9s<\/b>, pour ne pas dire carr\u00e9ment toxiques. Et pour noircir encore le tableau, toutes ces banques \u00e9taient intimement li\u00e9es les unes aux autres par le jeu des emprunts qu\u2019elles s\u2019\u00e9taient accord\u00e9s mutuellement afin d\u2019assurer leur refinancement.<\/p>\r\n \r\n\r\n<\/p>\r\n Devant le risque consid\u00e9rable d\u2019effondrement de tout le syst\u00e8me bancaire, il devenait urgent de garantir, \u00e0 la fois, l\u2019assainissement des comptes de tous les \u00e9tablissements et la mise en place d\u2019un nouveau proc\u00e9d\u00e9 (provisoire) de refinancement des banques. L\u2019id\u00e9e principale \u00e9tant ici de \u201ccloisonner\u201d au maximum toutes les banques sur le plan financier afin d\u2019\u00e9viter une r\u00e9action en cha\u00eene \u00e0 la moindre d\u00e9faillance.<\/p>\r\n \r\n\r\n<\/p>\r\n \r\n\r\n<\/p>\r\n C\u2019est dans ce contexte que la Banque centrale europ\u00e9enne a d\u00e9cid\u00e9 de refinancer elle-m\u00eame les banques en \u00e9mettant de grandes quantit\u00e9s de liquidit\u00e9s \u00e0 leur intention. Et pour s\u2019assurer de l\u2019attractivit\u00e9 de son offre, elle a progressivement baiss\u00e9 son taux d\u2019int\u00e9r\u00eat principal jusqu’\u00e0 le rendre n\u00e9gatif, suscitant alors une demande ph\u00e9nom\u00e9nale de la part des banques. Pour m\u00e9moire, en 2020, ce sont ainsi plus de 1300 milliards d’euros<\/a> de cr\u00e9dits \u00e0 long terme qui ont \u00e9t\u00e9 pr\u00eat\u00e9s aux banques par la BCE au taux exceptionnel de -1% par an. Et on comprend l’aubaine pour les banques, car cela signifie que plus longtemps elles empruntent, moins elles auront \u00e0 rembourser.<\/p>\r\n \r\n\r\n<\/p>\r\n Or, cette politique mon\u00e9taire pour le moins h\u00e9t\u00e9rodoxe intervient \u00e0 un moment particuli\u00e8rement mal choisi, car les banques se montrent tr\u00e8s r\u00e9ticentes \u00e0 financer l’\u00e9conomie<\/b> depuis quelques ann\u00e9es. L’arriv\u00e9e de la pand\u00e9mie mondiale de Covid-19 n’a fait que renforcer leur frilosit\u00e9 devant l’effondrement de pans entiers de l’activit\u00e9 \u00e9conomique. R\u00e9sultat, les banques re\u00e7oivent de plus en plus d\u2019argent qu\u2019elles ne pr\u00eatent pas davantage qu\u2019avant et elles se retrouvent donc aujourd’hui \u00e0 la t\u00eate d’une masse consid\u00e9rable de liquidit\u00e9s inutilis\u00e9es.<\/p>\r\n \r\n\r\n<\/p>\r\n \r\n\r\n<\/p>\r\n D\u00e8s lors, elles doivent d\u00e9poser toutes ces liquidit\u00e9s exc\u00e9dentaires\u2026 \u00e0 la Banque centrale europ\u00e9enne. Devant l\u2019absurdit\u00e9 d\u2019une telle situation, la BCE a donc d\u00e9cid\u00e9 de p\u00e9naliser les banques qui ne jouaient pas le jeu. Car, rappelons-le, les banques sont cens\u00e9es augmenter le nombre et le montant des cr\u00e9dits qu’elles accordent \u00e0 leurs clients en \u00e9change de ces \u00e9normes volumes de liquidit\u00e9s qu’elles re\u00e7oivent de la BCE. Or, dans les faits, elles se retranchent bien souvent derri\u00e8re des principes de gestion prudentielle pour \u00e9viter de se plier \u00e0 leurs obligations.<\/p>\r\n \r\n\r\n<\/p>\r\n Par cons\u00e9quent, afin de les inciter fortement \u00e0 utiliser les liquidit\u00e9s pr\u00eat\u00e9es dans le financement de l\u2019\u00e9conomie r\u00e9elle, la BCE a d\u00e9cid\u00e9 de \u201ctaxer\u201d les d\u00e9p\u00f4ts des banques, ou plus exactement de leur appliquer un taux d\u2019int\u00e9r\u00eat n\u00e9gatif. Ainsi, en 2020, environ 1800 milliards d\u2019euros de r\u00e9serves exc\u00e9dentaires se voyaient imputer un taux de -0,4 puis -0,5 % (\u00e0 partir du mois d\u2019ao\u00fbt), soit un co\u00fbt total pour les banques de pr\u00e8s de 8 milliards d\u2019euros.<\/p>\r\n \r\n\r\n<\/p>\r\n \r\n\r\n<\/p>\r\n Enfin, la BCE a \u00e9t\u00e9 amen\u00e9e \u00e0 aider les \u00c9tats de la zone euro \u00e0 franchir les nombreuses crises qui ont \u00e9maill\u00e9 ces douze derni\u00e8res ann\u00e9es, qui se sont accompagn\u00e9es en outre d\u2019un tr\u00e8s fort recul de la croissance \u00e9conomique.<\/p>\r\n \r\n\r\n<\/p>\r\n L\u00e0 encore, une expression est d\u00e9sormais couramment utilis\u00e9e dans les m\u00e9dias sp\u00e9cialis\u00e9s pour exprimer l’intervention de la Banque centrale europ\u00e9enne aupr\u00e8s des \u00c9tats. Il s’agit du quantitative easing<\/em><\/b>, ou QE, qui consiste pour la BCE \u00e0 acheter des titres de dette publique des \u00c9tats<\/b> sur le march\u00e9 obligataire. L’objectif est alors de faire baisser les taux \u00e0 moyen et long terme, permettant de g\u00e9n\u00e9rer des gains en capital pour les investisseurs boursiers et ainsi favoriser la relance \u00e9conomique.<\/p>\r\n \r\n\r\n<\/p>\r\n Sauf que les r\u00e9sultats ne sont pas aussi bons qu’esp\u00e9r\u00e9s. En effet, en achetant massivement des obligations d’\u00c9tat, la BCE a bien fait baisser les taux puisqu\u2019il n\u2019\u00e9tait plus n\u00e9cessaire aux \u00e9metteurs de proposer un taux \u00e9lev\u00e9 afin de s\u00e9duire d\u2019\u00e9ventuels investisseurs. Au point que ces taux sont m\u00eame devenus n\u00e9gatifs<\/a>.<\/p>\r\n \r\n\r\n<\/p>\r\n Mais dans le m\u00eame temps, la banque centrale a g\u00e9n\u00e9r\u00e9 un effet de raret\u00e9 de ces m\u00eames obligations, d\u00e9s\u00e9quilibrant le jeu normal de l’offre et de la demande. Par cons\u00e9quent, face \u00e0 des investisseurs toujours friands de ce type de produits ultra-garantis (un \u00c9tat est g\u00e9n\u00e9ralement consid\u00e9r\u00e9 comme un \u00e9metteur qui inspire confiance), le prix des obligations sur le march\u00e9 secondaire a fortement augment\u00e9, diminuant du m\u00eame coup leur rentabilit\u00e9. Pour rappel, l’int\u00e9r\u00eat servi par une obligation est fix\u00e9 au moment de son \u00e9mission et ne change plus jusqu’\u00e0 son terme. Plus on paie cher une obligation, moins elle rapporte proportionnellement.<\/p>\r\n \r\n\r\n<\/p>\r\n \r\n\r\n<\/p>\r\n On pourrait d’ailleurs se demander pourquoi des investisseurs continuent d’acheter ces obligations d’\u00c9tat alors que leur rendement est devenu n\u00e9gatif. Tout simplement parce qu’ils font un pari sur l’avenir.<\/p>\r\n \r\n\r\n<\/p>\r\n Tout d’abord, les taux peuvent continuer \u00e0 baisser et les obligations actuelles peuvent donc devenir plus int\u00e9ressantes avec le temps. Une obligation au rendement de -0.5% devient subitement attractive lorsque les taux moyens sont aux alentours de -1%. Il est alors possible de les revendre avec une plus-value.<\/p>\r\n \r\n\r\n<\/p>\r\n Ensuite, concernant les investisseurs internationaux, ils peuvent esp\u00e9rer une future appr\u00e9ciation de l’euro face \u00e0 leur monnaie nationale. Dans ce cas, avec un euro plus fort, le prix de revente dans leur devise devient m\u00e9caniquement plus \u00e9lev\u00e9.<\/p>\r\n \r\n\r\n<\/p>\r\n Enfin, les investisseurs peuvent tr\u00e8s bien accepter un taux n\u00e9gatif contre la garantie que l’\u00e9metteur ne fera pas d\u00e9faut, ce qui est tr\u00e8s important en p\u00e9riode de forte incertitude comme actuellement. Une sorte d’assurance qu’ils sont pr\u00eats \u00e0 payer pour \u00eatre s\u00fbrs que l’essentiel du capital investi sera pr\u00e9serv\u00e9.<\/p>\r\n \r\n\r\n<\/p>\r\n Il y a donc de grandes chances que le ph\u00e9nom\u00e8ne des taux n\u00e9gatifs perdure encore un bon moment, m\u00eame si on commence \u00e0 sentir une l\u00e9g\u00e8re remont\u00e9e en direction des taux nuls. Une tendance qui est encore loin d\u2019\u00eatre parfaitement claire mais qui, de toute fa\u00e7on, ne changerait pas grand chose si elle devait se confirmer.<\/p>\r\n \r\n\r\n<\/p>\r\n \r\n\r\n<\/p>\r\nLa BCE refinance les banques \u00e0 taux n\u00e9gatif<\/h2>\r\n
Une p\u00e9nalit\u00e9 pour les banques sur leurs d\u00e9p\u00f4ts exc\u00e9dentaires<\/h2>\r\n
Le co\u00fbt de la politique mon\u00e9taire de la BCE pour aider les \u00c9tats<\/h2>\r\n
Les taux n\u00e9gatifs comme outils de sp\u00e9culation<\/h2>\r\n
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