{"id":1029,"date":"2021-03-09T09:47:06","date_gmt":"2021-03-09T08:47:06","guid":{"rendered":"https:\/\/www.veracash.com\/fr\/blog\/?p=1029"},"modified":"2022-01-17T16:30:15","modified_gmt":"2022-01-17T15:30:15","slug":"les-difficultes-orangebank-remettent-elles-en-cause-le-modele-du-neobanking","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.veracash.com\/fr\/blog\/les-difficultes-orangebank-remettent-elles-en-cause-le-modele-du-neobanking","title":{"rendered":"Les difficult\u00e9s d’Orange Bank remettent-elles en cause le mod\u00e8le du n\u00e9obanking ?"},"content":{"rendered":"
D\u00e9but mars 2021, on apprenait qu’Orange Bank, la plus grosse banque en ligne fran\u00e7aise, ne pouvait plus assumer les pertes abyssales cumul\u00e9es depuis son lancement en 2017. Certains y voient d\u00e9j\u00e0 la preuve de l’\u00e9chec du mod\u00e8le \u00e9conomique des n\u00e9obanques. Mais qu’en est-il en r\u00e9alit\u00e9 ?<\/p>\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n
Novembre 2017, Orange et Groupama d\u00e9cident de s’associer pour lancer un nouvel acteur majeur de la banque en ligne, ambitionnant alors de prendre le leadership d’un secteur jusque-l\u00e0 investi par une myriade de start-up plus ou moins reconnues. L’objectif de l’op\u00e9rateur t\u00e9l\u00e9com et de l’assureur mutualiste est de prouver qu’on peut faire de la banque sans \u00eatre n\u00e9 banquier et que l’avenir est aux nouvelles technologies. Certes, les premi\u00e8res fintech avaient d\u00e9j\u00e0 montr\u00e9 que c’\u00e9tait possible, mais jusqu’ici aucune n’avait r\u00e9ussi \u00e0 imposer le mod\u00e8le de la banque en ligne comme une alternative cr\u00e9dible \u00e0 la banque traditionnelle.<\/p>\r\n\r\n
Or, on a beau \u00eatre un major de l’industrie tertiaire, lorsqu’on arrive un peu apr\u00e8s tout le monde sur un nouveau terrain de jeu, il faut se battre pour faire sa place, \u00e0 plus forte raison lorsque les autres, m\u00eame s’ils sont plus petits, ont d\u00e9j\u00e0 eu le temps de se positionner sur certains secteurs sp\u00e9cifiques parmi les plus rentables : entreprises, grands comptes, gestion de cr\u00e9dits, etc. D\u00e8s lors, Orange bank n’a pas eu d’autre choix que de se livrer \u00e0 une strat\u00e9gie d’investissement de tous les instants, engageant toujours plus de capitaux dans la mise en place d’une future domination qu’elle souhaitait rapide.<\/p>\r\n\r\n
R\u00e9sultat : 825 000 clients en France, mais aussi 643 millions d’euros de pertes. Rien qu’en 2020, la soci\u00e9t\u00e9 a d\u00fb \u00eatre recapitalis\u00e9e trois fois<\/b>. De quoi justifier la d\u00e9cision des deux actionnaires principaux d\u2019arr\u00eater les frais<\/a>. Il n’en fallait pas davantage pour que certains m\u00e9dias pr\u00e9disent d\u00e9j\u00e0 la fin des n\u00e9obanques, ou en tout cas glosent sur leur absence de viabilit\u00e9, car si m\u00eame un acteur comme Orange peut mordre la poussi\u00e8re, alors que penser des plus petits qui ne disposent pas des m\u00eames moyens ?<\/p>\r\n\r\n Sauf que rien n’est plus faux, et on peut m\u00eame dire que la contre-performance malheureuse d’Orange bank, si on la d\u00e9plore, vient justement confirmer les principes du n\u00e9obanking.<\/b><\/p>\r\n\r\n\r\n\r\n Depuis une quinzaine d’ann\u00e9es, la banque \u00e0 l’ancienne n’inspire plus confiance. Plus seulement sur ses aspects capitalistes qui ont toujours aliment\u00e9 les fantasmes d’une partie de la population, mais aussi et surtout quant \u00e0 sa solidit\u00e9. Les diff\u00e9rentes crises qui se sont succ\u00e9d\u00e9 depuis 2008<\/a> ont en effet montr\u00e9 que, derri\u00e8re la fa\u00e7ade de marbre s\u00e9culaire, se cachait en r\u00e9alit\u00e9 un gigantesque ch\u00e2teau de cartes susceptible de s’effondrer au premier courant d’air, pouvant emporter avec lui l’\u00e9conomie d’un pays et de ses habitants.<\/p>\r\n\r\n Sans pour autant donner une r\u00e9ponse \u00e0 toutes les incertitudes, plusieurs acteurs d’un secteur naissant que l’on n’appelait pas encore la fintech ont alors d\u00e9cid\u00e9 de bouleverser le march\u00e9 en cr\u00e9ant des banques 100% en ligne. L’id\u00e9e de base, vertueuse, consistait \u00e0 marier le meilleur de la finance avec la souplesse des technologies internet (et mobile) en pleine expansion, dans le but d’apporter au plus grand nombre les services bancaires essentiels en toute transparence, tout en promettant \u00e0 la fois r\u00e9activit\u00e9, adaptation, souplesse et r\u00e9duction des co\u00fbts.<\/p>\r\n\r\n \u00c0 ce jeu, l’agilit\u00e9 et la rapidit\u00e9 priment forc\u00e9ment sur la taille<\/b> et si toutes les grandes enseignes bancaires ont d\u00e9sormais leur filiale digitale, c’est surtout parce qu’elles ont rachet\u00e9 de jeunes entreprises innovantes qui avaient su faire en quelques ann\u00e9es ce qu’aucune grosse banque traditionnelle n’aurait pu faire en dix fois plus de temps.<\/p>\r\n\r\n En effet, la taille et l\u2019inertie d’entreprises habitu\u00e9es \u00e0 \u00eatre au sommet de la cha\u00eene alimentaire sur leur propre march\u00e9 peuvent devenir de s\u00e9rieux handicaps d\u00e8s lors qu’il s’agit d’aller se battre en territoire inconnu, \u00e0 plus forte raison si elles n\u2019ont plus l\u2019habitude du combat \u00e0 armes \u00e9gales. Et c\u2019est encore plus difficile lorsque le terrain en question est d\u00e9j\u00e0 occup\u00e9 par des pure players plus petits mais aussi plus mobiles, qui ont tr\u00e8s souvent \u00e9merg\u00e9 en m\u00eame temps que leur environnement, dont ils connaissent parfaitement les r\u00e8gles et auquel ils sont donc naturellement mieux adapt\u00e9s.<\/p>\r\n\r\n\r\n\r\n Ceci \u00e9tant dit, il ne nous appartient pas de juger de l’\u00e9chec ou de la semi-r\u00e9ussite d’Orange Bank, mais on peut malgr\u00e9 tout en d\u00e9gager quelques enseignements.<\/b><\/p>\r\n\r\n Tout d’abord, malgr\u00e9 les sommes consid\u00e9rables que les deux leaders Orange et Groupama ont pu mettre sur la table, ainsi que les moyens logistiques cons\u00e9quents qui leur ont permis de d\u00e9ployer rapidement leur offre \u00e0 grande \u00e9chelle, ils n’ont visiblement pas su trouver leur point d’\u00e9quilibre, chaque ann\u00e9e apportant davantage de d\u00e9penses que de gains. Mais peut-on s’en \u00e9tonner ? En mati\u00e8re d’entreprise, l’une des principales causes d’\u00e9chec r\u00e9side dans une strat\u00e9gie d’expansion trop rapide, ne permettant pas aux b\u00e9n\u00e9fices d’arriver suffisamment vite pour couvrir les d\u00e9penses d’investissement. On a beau \u00eatre leader, cette r\u00e8gle s’applique universellement \u00e0 toutes les entreprises.<\/p>\r\n\r\n \u00c0 ce titre, un acteur plus modeste, ne disposant pas d’une surface financi\u00e8re quasi illimit\u00e9e, aura souvent plus \u00e0 c\u0153ur d’avancer petit \u00e0 petit, au fur et \u00e0 mesure de ses possibilit\u00e9s, consolidant \u00e0 chaque pas les r\u00e9sultats acquis avant d’envisager une nouvelle \u00e9tape dans son d\u00e9veloppement. C’est m\u00eame une n\u00e9cessit\u00e9 vitale sur un secteur aussi concurrentiel que le n\u00e9obanking. Avec Orange et Groupama en support, Orange Bank a peut-\u00eatre souffert d’un exc\u00e8s de confiance dans ses capacit\u00e9s \u00e0 d\u00e9penser sans compter…<\/p>\r\n\r\n\r\n\r\n Plus surprenant, le cas d’Orange Bank prouve \u00e9galement que le nombre de clients ne fait pas tout. On le savait d\u00e9j\u00e0 avec toutes ces start-up des ann\u00e9es 2000 dont le mod\u00e8le \u00e9conomique reposait sur le gratuit ou quasi gratuit, et dont les noms ornent d\u00e9sormais le monument aux morts de la Nouvelle \u00c9conomie. Mais l\u00e0, on peut voir que, m\u00eame en ayant des clients payants, on peut ne jamais \u00eatre rentable. La faute aux d\u00e9penses trop importantes, on l’a dit plus haut, mais aussi sans doute au mauvais ciblage de sa client\u00e8le.<\/p>\r\n\r\n Plus de 800 000 clients pour une n\u00e9obanque, c’est bien, mais s’il s’agit de personnes \u00e0 qui on se contente de proposer une offre similaire \u00e0 la concurrence, ou pire, pour qui on d\u00e9porte la lourdeur de la banque \u00e0 l’ancienne vers le Net en faisant croire que c’est de l’innovation, ce n’est plus vraiment un avantage. Au contraire, on risque surtout de devoir supporter un co\u00fbt d’infrastructure excessif sans espoir r\u00e9el de retour sur investissement, \u00e0 plus forte raison lorsque le seul argument de vente pertinent se r\u00e9sume \u00e0 une tarification plus avantageuse.<\/p>\r\n\r\n\r\n\r\n En r\u00e9alit\u00e9, si certaines fintech r\u00e9ussissent l\u00e0 o\u00f9 des acteurs comme Orange Bank peinent \u00e0 s’imposer, c’est sans doute parce qu’elles ont \u00e9merg\u00e9 \u00e0 mesure que les besoins de leurs usagers<\/b> \u00e9voluaient dans un cadre nouveau qui restait \u00e0 inventer, le tout sur fond d’acc\u00e9l\u00e9ration technologique qu’elles ont int\u00e9gr\u00e9e d\u00e8s le d\u00e9part. Ensuite, leur strat\u00e9gie a tout naturellement pris en compte les limites de leurs possibilit\u00e9s financi\u00e8res et humaines, les obligeant \u00e0 arbitrer parmi leurs priorit\u00e9s<\/b>. Celles qui ne se sont pas pli\u00e9es \u00e0 cet exercice ont de toute fa\u00e7on disparu.<\/p>\r\n\r\n Enfin, beaucoup de \u00ab\u00a0petites\u00a0\u00bb fintech ont bien compris que leur r\u00e9ussite ne passerait pas forc\u00e9ment par une diffusion g\u00e9n\u00e9raliste de leur offre, et qu’il \u00e9tait souvent plus int\u00e9ressant de se positionner sur un segment plus sp\u00e9cifique (services aux TPE, moyens de paiements alternatifs, \u00e9pargne s\u00e9curis\u00e9e, etc), quitte \u00e0 avoir moins de clients mais \u00eatre capable de leur proposer une offre sp\u00e9cialis\u00e9e, bien construite, adapt\u00e9e et originale. Par exemple, avec ses 30 000 clients et des r\u00e9sultats en progression constante, VeraCash est aujourd’hui totalement rentable et vise de nouveaux objectifs<\/a> d’ores et d\u00e9j\u00e0 budg\u00e9t\u00e9s, en r\u00e9ponse directe aux demandes de ses propres clients.<\/b><\/p>\r\n\r\n D\u2019autres fintech n\u2019ont malheureusement pas la m\u00eame chance et ne parviennent pas \u00e0 sortir du rouge malgr\u00e9 un nombre de clients en constante augmentation, car leur niveau de d\u00e9penses cro\u00eet plus vite encore. Toutefois, cela ne remet pas en cause le mod\u00e8le du n\u00e9obanking, cela prouve simplement qu\u2019il s\u2019agit d\u2019un syst\u00e8me r\u00e9ellement nouveau, qui ne se contente pas de moderniser le mod\u00e8le traditionnel mais qui, au contraire, l\u2019abandonne en grande partie pour inventer la banque de demain.<\/p>\r\n [\/vc_column_text][\/vc_column][\/vc_row]<\/p>\r\n<\/div>","protected":false},"excerpt":{"rendered":" D\u00e9but mars 2021, on apprenait que la plus grosse banque en ligne fran\u00e7aise, ne pouvait plus assumer les pertes accumul\u00e9es depuis son lancement en 2017. 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Une strat\u00e9gie d\u2019investissement mal ma\u00eetris\u00e9e<\/h2>\r\n\r\n
Multiplier les clients n’est pas un gage absolu de r\u00e9ussite<\/h2>\r\n\r\n
Des fintech plus sp\u00e9cialis\u00e9es qui r\u00e9inventent la banque<\/h2>\r\n\r\n