{"id":2614,"date":"2022-01-25T10:52:44","date_gmt":"2022-01-25T09:52:44","guid":{"rendered":"https:\/\/www.veracash.com\/fr\/blog\/?p=2614"},"modified":"2022-03-08T10:43:59","modified_gmt":"2022-03-08T09:43:59","slug":"leuro-20-ans-de-desamour","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.veracash.com\/fr\/blog\/leuro-20-ans-de-desamour","title":{"rendered":"L’Euro : 20 ans de d\u00e9samour"},"content":{"rendered":"
[vc_row][vc_column width=\u00a0\u00bb1\/1″][vc_column_text uncode_shortcode_id=\u00a0\u00bb421014″]Lanc\u00e9 le 1er janvier 2002, l’euro a donc 20 ans aujourd’hui et, depuis quelques semaines, la plupart des m\u00e9dias rivalisent d’ing\u00e9niosit\u00e9 \u00e9ditoriale pour retracer son parcours, que ce soit au travers de bilans, de r\u00e9trospectives ou m\u00eame de critiques.<\/p>\n
Car la monnaie unique europ\u00e9enne suscite bien des passions, en plus de faire couler beaucoup d’encre. On l’accuse souvent de tous les maux, principalement en France o\u00f9 le souvenir du franc reste encore aujourd’hui tr\u00e8s vivace, entretenu il est vrai par certains mouvements d’opinion plus ou moins politis\u00e9s. L’euro aurait ainsi priv\u00e9 les \u00c9tats de leur souverainet\u00e9 mon\u00e9taire, il aurait affaibli notre \u00e9conomie, acc\u00e9l\u00e9r\u00e9 l’inflation et irr\u00e9m\u00e9diablement d\u00e9s\u00e9quilibr\u00e9 notre balance commerciale. Du c\u00f4t\u00e9 des particuliers, ce n’est gu\u00e8re mieux puisque la devise honnie aurait tout simplement permis de masquer une hausse des prix brutale qui perdurerait encore aujourd’hui, tout en alignant peu \u00e0 peu les revenus des Fran\u00e7ais sur ceux des pays de l’Union aux co\u00fbts de main d’oeuvre les plus bas.[\/vc_column_text][\/vc_column][\/vc_row][vc_row][vc_column width=\u00a0\u00bb1\/1″][vc_column_text uncode_shortcode_id=\u00a0\u00bb108144″]<\/p>\n
En r\u00e9alit\u00e9, l’euro souffre bien de plusieurs d\u00e9fauts, c’est vrai, mais pas forc\u00e9ment ceux dont on l’accable. Tout d’abord, c’est une monnaie extr\u00eamement jeune dans l’histoire mon\u00e9taire mondiale, c’est m\u00eame la plus jeune des devises majeures<\/strong> (apr\u00e8s le Yuan, le Yen, le Dollar ou encore la Livre Sterling). Et la nouveaut\u00e9 n’est pas toujours bien per\u00e7ue au sein de la population, \u00e0 plus forte raison quand elle touche l’une des valeurs les plus anciennement ancr\u00e9es dans les mentalit\u00e9s.<\/p>\n Car la monnaie, c’est avec le drapeau l’un des plus forts symboles d’appartenance nationale. Quand on sait que 47,8 millions des Fran\u00e7ais ont plus de 25 ans (source Insee 2022<\/a>), cela signifie que 70% de la population a connu la France d’avant l’euro, celle du franc, cette p\u00e9riode qu’on fantasme aujourd’hui et qu’on a tendance \u00e0 consid\u00e9rer comme meilleure parce que, bien s\u00fbr, c’\u00e9tait tellement mieux avant.<\/p>\n Mais l’euro, c’est aussi une monnaie moderne<\/strong>, en ce sens qu’elle n’a pas travers\u00e9 l’histoire ni connu de bouleversements majeurs au gr\u00e9 des diff\u00e9rents r\u00e9gimes politiques, des \u00e9v\u00e8nements historiques ou encore des moments f\u00e9d\u00e9rateurs qui auraient pu lui forger une identit\u00e9 forte. L’euro n’a pas non plus v\u00e9cu le temps o\u00f9 les devises repr\u00e9sentaient encore une valeur tangible, l’\u00e9poque o\u00f9 \u00ab\u00a0l’argent\u00a0\u00bb du porte-monnaie n’\u00e9tait que la contre-valeur de la vraie richesse, celle qui \u00e9tait d\u00e9tenue dans les coffres de l’\u00c9tat sous forme de m\u00e9taux pr\u00e9cieux bien solides. Non, l’euro fut une construction autant politique qu’\u00e9conomique, fond\u00e9e sur la dette d\u00e8s sa naissance, et dont l’objectif premier \u00e9tait de r\u00e9gler les probl\u00e8mes de changes flottants qui gangrenait la comp\u00e9titivit\u00e9 europ\u00e9enne depuis les ann\u00e9es 1970 et la fin des accords de Bretton Woods.[\/vc_column_text][\/vc_column][\/vc_row][vc_row][vc_column width=\u00a0\u00bb1\/1″][vc_column_text uncode_shortcode_id=\u00a0\u00bb133345″]<\/p>\n L’euro est donc surtout et avant tout une r\u00e9ponse technique \u00e0 une difficult\u00e9 financi\u00e8re internationale, bien loin des pr\u00e9occupations premi\u00e8res des individus. Difficile alors de demander aux populations d’y adh\u00e9rer sans r\u00e9serve et d’oublier les monnaies historiques auxquelles elles \u00e9taient visc\u00e9ralement attach\u00e9es, au profit d’un outil financier dont l’acte de naissance lui-m\u00eame (le Trait\u00e9 de Maastricht de 1992) en fait l’instrument des politiques \u00e9conomiques et des banquiers centraux, sans v\u00e9ritablement s’int\u00e9resser aux gens qui vont devoir travailler, consommer, payer<\/a>, investir et tout simplement vivre au quotidien avec lui.<\/p>\n L’euro n’a pas \u00e9t\u00e9 cr\u00e9\u00e9 \u00e0 \u00e9chelle humaine, il l’a \u00e9t\u00e9 au niveau des \u00c9tats ; il n’a pas \u00e9t\u00e9 pens\u00e9 pour r\u00e9pondre aux besoins des individus, mais pour servir les int\u00e9r\u00eats politiques<\/strong> et \u00e9conomiques des institutions. Un r\u00f4le important, certes, mais qui n’a pas su susciter l’engagement des particuliers car ils ne se sont pas reconnus dans cette monnaie.<\/p>\n Alors, on a fait de l’euro l’\u00e9pouvantail id\u00e9ologique de tous les extr\u00e9mismes politiques, notamment durant les p\u00e9riodes pr\u00e9-\u00e9lectorales comme celle que nous vivons en ce moment. On l’a stigmatis\u00e9, souvent \u00e0 outrance, en lui pr\u00eatant des effets d\u00e9l\u00e9t\u00e8res qu’il n’avait pas, et m\u00eame parfois contre lesquels il permettait de lutter. On l’a d\u00e9sign\u00e9 comme le coupable id\u00e9al de tout ce qui va de travers depuis 20 ans, et m\u00eame avant ! Enfin, on a utilis\u00e9 ses failles, ses manquements (car il en a, ind\u00e9niablement) ainsi que les d\u00e9r\u00e8glements qu’il a pu causer au sein des \u00e9conomies des pays de l’Union, pour faire oublier tous les avantages et les b\u00e9n\u00e9fices qu’il a pu g\u00e9n\u00e9rer, non seulement pour les \u00c9tats, mais pour les populations elles-m\u00eames.[\/vc_column_text][\/vc_column][\/vc_row][vc_row][vc_column width=\u00a0\u00bb1\/1″][vc_column_text uncode_shortcode_id=\u00a0\u00bb205407″]<\/p>\n Ainsi, la premi\u00e8re critique que l’on entend sur l’euro, non pas parce que c’est la plus importante mais bien parce que c’est celle qui est port\u00e9e par la population au quotidien, c’est qu’il a provoqu\u00e9, puis favoris\u00e9 \u00e0 long terme, une hausse des prix<\/strong> \u00e0 la consommation sans pr\u00e9c\u00e9dent. Une hausse d’autant plus pernicieuse qu’elle s’est op\u00e9r\u00e9e \u00e0 l’occasion d’un changement de devise dont la parit\u00e9 avec la pr\u00e9c\u00e9dente \u00e9tait tout sauf \u00e9vidente (1 euro pour 6,55957 francs), ce qui interdisait quasiment toute comparaison imm\u00e9diate par le commun des mortels.<\/p>\n Car les plus de 20 ans s’en souviennent, l’une des activit\u00e9s principales, sinon favorites, des consommateurs du tournant du si\u00e8cle \u00e9tait de convertir syst\u00e9matiquement en francs d\u00e9funts tous les nouveaux prix en euro naissants. De v\u00e9ritables fortunes se sont construites sur la vente de petits convertisseurs de poche (qui faisaient souvent office de calculatrice basique, reconnaissons-le), tous les commer\u00e7ants se faisaient un devoir de mentionner les prix en euros assortis de leur valeur en ancienne devise, c’\u00e9tait d’ailleurs une obligation. Et cela a dur\u00e9 plusieurs ann\u00e9es ! L’intention \u00e9tait louable, mais cela n’a fait que rendre la transition plus p\u00e9nible encore, car plus longue et plus \u00e0 m\u00eame d’alimenter les regrets \u00e0 l’\u00e9gard d’une devise charg\u00e9e d’histoire et de symbolique qu’on semblait refuser d’abandonner une bonne fois pour toutes.<\/p>\n Or, durant cette transition, l’inflation d\u00e9j\u00e0 existante ne s’est pas arr\u00eat\u00e9e, les prix \u00e0 la consommation ont continu\u00e9 \u00e0 progresser normalement (entre 1,7% et 2,1% durant la p\u00e9riode 2000-2005). Et lorsque les derniers feux du franc se sont \u00e9teints \u2014 c’est-\u00e0-dire lorsqu’on a d\u00e9finitivement cess\u00e9 de convertir \u2014 , les biens et services marchands \u00e9taient effectivement plus chers qu’avant l’entr\u00e9e en vigueur de l’Euro. Mais ce n’\u00e9tait pas li\u00e9e \u00e0 l’euro lui-m\u00eame, juste l’effet normal de l’ajustement des prix sur l’inflation<\/strong>. Certes, il y a peut-\u00eatre eu quelques arrondis \u00e0 la marge, histoire de ne pas tra\u00eener des milli\u00e8mes d’euros ou bien pour faire des comptes ronds, mais cela n’a g\u00e9n\u00e9ralement influ\u00e9 que de mani\u00e8re n\u00e9gligeable sur les prix.<\/p>\n Et puisqu’on parle des prix \u00e0 la consommation, rappelons tout de m\u00eame qu’ils augmentaient en moyenne de 3 \u00e0 5 % par an entre 1985 et 1995, et m\u00eame de 10 \u00e0 15 % par an lors de la d\u00e9cennie pr\u00e9c\u00e9dente. Autant de p\u00e9riodes que certains id\u00e9alisent aujourd’hui parce qu’on utilisait le franc et non pas l’euro. Depuis 2002, l’inflation n’a pratiquement jamais d\u00e9pass\u00e9 2,1% (sauf en 2008 o\u00f9 elle a atteint 2,8%) et s’\u00e9tablit en moyenne \u00e0 1,39 % par an.<\/p>\n Finalement, on pourrait donc consid\u00e9rer que l’euro a contribu\u00e9 \u00e0 contenir la hausse des prix<\/strong> depuis vingt ans. De mani\u00e8re plus pragmatique, s’il fallait 10 minutes de travail \u00e0 un ouvrier pay\u00e9 au SMIC pour s’acheter une baguette de pain en 1970, il ne lui en fallait plus que 6 minutes en 2002… et 5 minutes aujourd’hui. M\u00eame si la seule baguette de pain ne suffit pas \u00e0 caract\u00e9riser le pouvoir d’achat des Fran\u00e7ais, elle n’en sert pas moins de principale r\u00e9f\u00e9rence (avec le carburant) aux d\u00e9tracteurs de l’euro pour \u00e9tayer leurs th\u00e9ories, et constitue n\u00e9anmoins un bon indice de comparaison pour montrer que la r\u00e9alit\u00e9 est contraire aux accusations port\u00e9es contre la monnaie unique.[\/vc_column_text][\/vc_column][\/vc_row][vc_row][vc_column width=\u00a0\u00bb1\/1″][vc_column_text uncode_shortcode_id=\u00a0\u00bb830550″]<\/p>\n Si on \u00e9l\u00e8ve un peu le niveau des griefs et qu’on les porte \u00e0 la hauteur des probl\u00e8mes \u00e9conomiques rencontr\u00e9s par les \u00c9tats depuis le d\u00e9but du si\u00e8cle, on se rend compte que, l\u00e0 encore, ils ne r\u00e9sistent pas \u00e0 l’analyse. Par exemple, on a dit de l’euro qu’il ne faisait que donner l’illusion au continent europ\u00e9en de peser dans le jeu \u00e9conomique mondial. Hier comme aujourd’hui, le dollar a toujours domin\u00e9 les transactions internationales. Mais si avant 2002, la part de chaque devise europ\u00e9enne \u00e9tait quasiment n\u00e9gligeable en termes de montant dans les \u00e9changes internationaux, l’euro est d\u00e9sormais la 2e monnaie la plus utilis\u00e9e au monde, en particulier \u00e0 l’ext\u00e9rieur de l’Union europ\u00e9enne. Cela signifie que, gr\u00e2ce \u00e0 la monnaie unique, chaque \u00c9tat membre voit sa part augmenter sensiblement dans le commerce international.<\/p>\n Toujours sur le m\u00eame th\u00e8me, certains s’\u00e9meuvent justement de la force de l’euro, qui serait une g\u00eane pour les exportations et induirait un d\u00e9ficit chronique de notre balance ext\u00e9rieure. Selon les d\u00e9fenseurs de cette th\u00e9orie, une monnaie forte (en moyenne il faut 1,2 USD pour 1 \u20ac) serait un frein aux achats et aux investissements venant de l’\u00e9tranger, tandis qu’une monnaie faible induirait un \u00ab\u00a0effet d’aubaine\u00a0\u00bb susceptible d’attirer les capitaux et les acheteurs. En r\u00e9alit\u00e9, cette th\u00e9orie est fausse. L’exemple Suisse vient d’ailleurs le confirmer de mani\u00e8re imparable, avec une monnaie forte<\/strong> (le franc suisse est \u00e0 peu pr\u00e8s de la m\u00eame force que l’euro face au dollar) et un exc\u00e9dent commercial quasiment permanent ann\u00e9e apr\u00e8s ann\u00e9e. Quant au d\u00e9ficit de la balance commerciale de la France, il fait presque figure d’exception en Union europ\u00e9enne car, hormis notre pays, l’Espagne, le Portugal et la Gr\u00e8ce, tous les autres \u00c9tats de la Zone euro connaissent une situation exc\u00e9dentaire.<\/p>\n Et puisqu’on aime bien rappeler \u00ab\u00a0le temps d’avant\u00a0\u00bb pour faire des comparaisons, \u00e9voquons la p\u00e9riode 1981-1983 au cours de laquelle le gouvernement socialiste nouvellement arriv\u00e9 au pouvoir a d\u00e9valu\u00e9 un franc d\u00e9j\u00e0 faible pas moins de 3 fois cons\u00e9cutives (oui, une d\u00e9valuation par an !), ce qui n’a pas emp\u00each\u00e9 la France de conna\u00eetre un d\u00e9ficit commercial record pour l’\u00e9poque.<\/p>\n Enfin, notons pour la forme que la Zone euro dans son ensemble conna\u00eet depuis presque toujours un exc\u00e9dent commercial cons\u00e9quent (par exemple +218 milliards d’euros en 2020 malgr\u00e9 la crise de la Covid-19), et ce malgr\u00e9 les piteuses performances de la France en la mati\u00e8re.[\/vc_column_text][\/vc_column][\/vc_row][vc_row][vc_column width=\u00a0\u00bb1\/1″][vc_column_text uncode_shortcode_id=\u00a0\u00bb324763″]<\/p>\n Autre grief, l’euro favoriserait l’inflation actuelle. Or on sait pertinemment que la hausse des prix \u00e0 la consommation<\/a>, que ce soit pour les entreprises ou pour les particuliers, est principalement li\u00e9e \u00e0 la flamb\u00e9e des prix de l’\u00e9nergie, notamment du gaz et du p\u00e9trole.<\/p>\n Dans une \u00e9conomie mondialis\u00e9e o\u00f9 les transports repr\u00e9sentent d\u00e9sormais une part importante des co\u00fbt de production et de commercialisation, il est normal que les prix de vente des biens marchands grimpent pour absorber l’augmentation du prix des carburants, ainsi que des combustibles permettant d’alimenter les centrales \u00e9nerg\u00e9tiques fournissant l’\u00e9lectricit\u00e9 n\u00e9cessaire \u00e0 la production industrielle.<\/p>\nUne cr\u00e9ation purement technique et politique<\/h2>\n
L’euro aurait masqu\u00e9 une hausse des prix sans pr\u00e9c\u00e9dent depuis 2002<\/h2>\n
L’euro nuirait \u00e0 la balance commerciale de la France<\/h2>\n
L’euro favoriserait l’inflation en Europe<\/h2>\n