La diversification des actifs d’un portefeuille d’investissement, d’épargne ou patrimonial dépend de plusieurs critères. Ceux-ci diffèrent en fonction de chaque profil d’investisseur. Toutefois, quelques bases sont communes comme le risque, le rendement et la nature des actifs. C’est la répartition des typologies d’investissements qui va donner sa spécificité à chaque portefeuille d’investissement. Voici les points clés pour construire un portefeuille bien diversifié.

NB : Avant d’investir, il est important de connaître son profil d’investisseur. Pour cela, il faut s’adresser à un professionnel de la gestion du patrimoine et de l’investissement (CIF, CGP). Cet article ne professe pas de conseils d’investissement. Il s’agit exclusivement d’informations.

Pourquoi diversifier un portefeuille d’investissement ?

Dans toute la palette de placements possibles, il est très rare que les actifs réagissent de la même manière.

Crises : la démonstration en accéléré des réactions différentes des placements depuis 2020

En quelques années, les crises qui se sont succédé depuis le COVID 19 ont mis en évidence les différences d’évolution des solutions d’épargne ou d’investissement. La diversité des situations a montré qu’aucun actif n’échappait à l’influence du monde extérieur. Certains subissent parfois de fortes baisses, d’autres enregistrent de belles hausses. L’illustration la plus surprenante ? La crise immobilière notamment provoquée par l’augmentation des taux d’intérêt, donc indirectement par l’inflation. Même la « pierre », l’investissement patrimonial préféré des Français, a flanché. Quant à l’assurance-vie, l’autre passion française, elle enregistre des résultats plutôt décevants. Finalement, la promesse d’une fiscalité intéressante sur les plus-values n’est pas si attrayante que ça. À ce stade, il est important de noter que l’or a connu un parcours brillant face à ces crises protéiformes (sanitaire, inflation, taux d’intérêt, guerres). Une progression de la valeur de l’once d’or de 60 % en 4 ans, c’est remarquable.

Les raisons de la diversification de ses investissements

Le profil d’un investisseur donne généralement l’orientation de ses placements. Selon ses revenus, sa capacité d’épargne, son âge, sa situation familiale, sa santé et, pourquoi pas, son caractère (aventurier, prudent), les objectifs ne seront pas les mêmes. Logiquement, les investissements non plus.

Réduire les risques

Les actifs choisis seront considérés comme plus sûrs. Et évidemment, la réduction du risque entraîne la diminution de la rentabilité : la tranquillité s’achète en acceptant de faibles rendements. Aussi, l’investisseur prudent choisira :

  • Les livrets réglementés (le livret A) ;
  • Les assurances-vie mais plutôt sur des fonds en euros ;
  • Les obligations d’État ;
  • L’immobilier (SCPI ou achat en direct) avec toutes les réserves d’une possibilité d’une crise immobilière ;
  • La forêt, sous forme de GFI (groupement forestier d’investissement) notamment ;
  • L’or et les métaux précieux d’investissement comme l’argent sous forme physique (lingots, pièces).

Augmenter les rendements

Ces investisseurs acceptent une prise de risque plus importante. En effet, pour augmenter les profits sur des placements, il faut accepter le risque de chute brutale de la valeur de l’actif. Autrement, dit, le célèbre risque de perte en capital mentionné dans tous les prospectus boursiers et autres investissements sur des marchés volatils.

Ce profil d’investisseur privilégiera pour diversifier son capital :

  • Le marché, la Bourse avec des valeurs spéculatives ;
  • Les produits financiers dérivés (comme les Subprimes de 2008) ;
  • Des ETF ou trackers : ils permettent de suivre des indices plus ou moins sensibles ;
  • Les crypto-monnaies.

Un mélange de risque et de sécurité ?

Un investisseur n’est pas obligé d’être 100 % prudent ou risqué. La diversification est justement un moyen d’arriver à répartir ses placements pour tenter d’utiliser le meilleur de chacun. Il est, par exemple, très intéressant de regarder l’évolution de chaque solution financière. Si certains actifs sont contracycliques, c’est-à-dire qu’ils évoluent à l’inverse d’autres placements, il est possible de conserver une rentabilité quelle que soit l’évolution du monde extérieur. Exemple avec l’évolution de l’or en pleine crise financière en 2008, ou pendant la crise de l’euro : les marchés subissaient des krachs pendant que l’or jouait à merveille son rôle de valeur refuge avec de belles progressions.

Bon à savoir : les Américains parlent d’asset location plutôt que de diversification d’un portefeuille. En plus de la maîtrise des rendements, les financiers outre-Atlantique intègrent aussi l’optimisation fiscale. En fait, ils mettent en avant essentiellement la « minimisation de taxes » puisque culturellement, la réduction du rendement et du risque n’est pas prioritaire.

Les méthodes pour créer et gérer un portefeuille d’investissement diversifié

Le hasard n’est pas une option en matière de gestion financière. On ne joue pas son épargne ni son patrimoine au casino. Il faut obligatoirement de la méthode pour éviter de fonctionner avec ses émotions : les réactions émotionnelles face à un krach boursier, une crise géopolitique ou financière, c’est le meilleur moyen de tout perdre.

S’inscrire dans une volonté de diversification de son portefeuille

Plusieurs étapes peuvent être suivies :

Définir les objectifs de gestion de son patrimoine financier

On va le répéter, mais un jeune couple actif avec un enfant ou des retraités avec plusieurs petits enfants n’adoptent pas la même stratégie patrimoniale. Un travail sérieux sur les objectifs à plus ou moins long terme est nécessaire. Et là, tous les critères sont étudiés : le rendement, le risque, la liquidité, la fiscalité (IR ou transmission), les frais. Avec cette analyse, on obtient déjà une assez bonne idée de la répartition de ses investissements.

La clé de répartition de l’ensemble de son épargne

Là aussi, c’est bien l’usage qui va donner la solution. Il n’existe pas de martingale universelle en matière de diversification d’un portefeuille. Voici quelques témoignages pour illustrer ces différences de situation.

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Placer un héritage à la retraite

Jean et Martine, 65 ans (un peu plus en réalité mais Martine n’aime pas qu’on le dise) : ils sont retraités (3 000 euros mensuels à eux deux) et viennent de toucher un héritage de 100 000 euros. Comme ils n’ont plus de crédit à rembourser, ils décident de placer cet argent au cas où… l’un des deux deviendrait dépendant avec une obligation de résidence dans un centre de soins. Il leur faut des placements sans risque et relativement liquides.

« Nous avons choisi de mettre 20 000 euros sur un livret A, nous explique Jean. C’est de l’argent facilement mobilisable et sans risque. J’ai aussi eu envie de placer 30 % de cette somme en or mais pas dans des actions ou autres, je n’aime pas ces trucs de boursicoteurs. Il me faut du solide : des lingots, des pièces. Enfin, comme nous avions des assurances-vie assez anciennes donc “cassables” sans risque fiscal, nous avons versé 20 000 euros sur ces assurances ».

Quand on se permet de remarquer qu’il manque 30 000 euros, c’est Martine qui répond : « J’ai proposé de faire un versement de 10 000 euros à chacun de nos trois enfants. Ils en ont plus besoin que nous ! Et c’est un don sans impôts. »

Une capacité d’épargne régulière

Guillaume vient de terminer son internat de médecine. Après de longues années de travail avec peu de revenus, il découvre une rémunération appréciable pour un jeune de moins de 30 ans. Avec pratiquement 10 000 euros mensuels, sa capacité d’épargne vient de bondir !

« Clairement, ça fait tout drôle, nous raconte-t-il dans un long e-mail. En tant qu’interne, on bosse comme des fous pour 2 500 euros par mois. Alors là, je me retrouve avec beaucoup d’argent sur mon compte courant. Mon premier réflexe a été de faire des achats “plaisir”, pour me venger des brimades des 10 ans d’études. Mais maintenant, je pense à placer cette épargne. J’ai deux objectifs :
1. Générer un capital retraite parce qu’on ne sait pas ce qu’on aura et surtout à quel âge.
2. Avoir quelques subsides supplémentaires avec des placements plus risqués.
J’avais pensé à l’immobilier, mais avec la baisse des prix je me dis qu’il est urgent d’attendre. Je vois aussi que le monde est en tension et qu’une étincelle peut provoquer un certain nombre d’explosions… alors j’ai décidé de placer une partie de mon épargne en or. Je le fais selon la technique du DCA (Dollar Cost Average), c’est-à-dire régulièrement, petit à petit. Comme ça je ne regarde pas les cours. J’ai aussi souscrit à un plan épargne retraite même si je ne suis pas certain du rendement de ce genre de produits.
Pour les rendements plus importants et donc plus risqués, j’ai décidé de faire comme avec l’or mais avec des cryptomonnaies. J’achète régulièrement une toute petite quantité de cryptos ».

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La diversification d’un portefeuille d’investissement, ça évolue !

La situation de chacun, mais aussi du monde, bouge, de plus en plus vite même. Il est donc normal de faire évoluer son portefeuille de placements. La vérité d’hier n’est pas celle d’aujourd’hui : la situation de l’immobilier en 2024 en est une éclairante illustration. La clé de répartition de ses placements peut donc être changée selon les années. L’exemple plus parlant, c’est l’approche de la retraite. Quand on a quasiment payé sa maison, que ses revenus sont plus faibles mais stables, les besoins financiers ne sont plus les mêmes. À plus de 65 ans, c’est la notion de transmission qui l’emporte. Ce n’est plus le moment de prendre des risques.

Réévaluer son portefeuille

Il s’agit d’un exercice nécessaire, à réaliser quasiment chaque année. Regarder l’état de ses placements et les confronter à la situation actuelle – comme le retour de l’inflation – peut changer la donne pour de nombreux budgets. Il faut peut-être donner de nouveaux objectifs au regard des événements prévisibles ou attendus : l’arrivée d’un enfant, l’achat d’une maison, d’une résidence secondaire, le départ à la retraite, la dépendance d’un proche, la multiplication des petits enfants.

Changer sa répartition

Cette nouvelle donne va entrainer la réaffectation de sommes au sein du portefeuille existant ou vers de nouveaux actifs. Comme un gestionnaire de fonds, il s’agit d’arbitrer sa propre réserve financière. Plus ou moins de risque, plus de liquidité moins de charge fiscale ? C’est de la responsabilité de l’investisseur (avec l’aide potentielle d’un conseiller en gestion du patrimoine).

Vous aviez beaucoup d’actions et vous décidez de les transformer en or ? Votre compte courant est trop rempli, le risque bancaire vous semble augmenter ? Vous choisissez des solutions en dehors du système bancaire. Vous avez besoin de vous faire plaisir ? Eh bien, dépensez maintenant !

Sources et glossaire sur la diversification d’un portefeuille d’investissement

Glossaire

CGP : Conseil en gestion du patrimoine. En général on parle de CGPC, conseil en gestion du patrimoine certifié.
CIF : Conseil en investissements financiers, reconnus par l’AMF (l’autorité des marchés financiers)
DCA : Dollar cost average, c’est une méthode d’investissement qui consiste à investir à date fixe la même somme.
SCPI : Société Civile de Placement Immobilier. De la “pierre papier”, autrement dit. Ce sont des parts d’une société qui possède et/ou gère plusieurs investissements immobiliers.
GFI : Groupement Forestier d’Investissement. Une société qui gère plusieurs forêts.

À retenir pour diversifier son portefeuille patrimonial, d’investissement ou d’épargne

  • Se fixer des objectifs moyen et long terme pour choisir ses investissements ;
  • Choisir selon son profil d’investisseur : des placements risqués avec de forts rendements, liquides, ou plus stables donc moins rémunérateurs ;
  • Faire évoluer son portefeuille à chaque changement de situation ou à la suite d’événements importants.

Sources


Mathieu Devaux-Sabarros

Brand & Content Manager chez Veracash.
Curieux de tout et en particulier d'Économie, de ses transformations et de l'impact qu'elle a sur nos sociétés.
Toutes les questions méritent une réponse, avec recul et pédagogie.