L’inflation est de retour. Des continents entiers sont épargnés et d’autres en sont victimes en partie seulement. Enfin, dans certains pays, l’inflation est une compagne que l’on subit depuis des décennies. Pourquoi ne sommes-nous pas tous égaux devant l’inflation ? Eléments de réponse.
2022 : l’inflation se répand en Europe
Depuis plus de 30 ans, les économistes, les décideurs des banques centrales et les gouvernements en parlaient comme d’une menace très grave pour nos économies. Aujourd’hui, l’inflation est là. Pour la zone euro, on enregistre en moyenne une hausse des prix de 9,1 % en août 2022. Mais il y a de nombreuses et fortes disparités derrière ce chiffre.
La France résiste avec son bouclier tarifaire
Selon Trading Economics, on enregistre en France 5,9 % d’inflation en août. C’est une baisse par rapport au mois de juillet : l’Insee rappelle que l’inflation était de 6,1 % en juillet. La raison de cette différence de 3 % d’inflation par rapport à la moyenne européenne ? Le bouclier tarifaire du gouvernement français, notamment sur le prix de l’énergie, mais aussi la baisse du prix de base du pétrole.
Plus les pays sont liés à la Russie, plus l’inflation est forte !
C’est le principal enseignement des chiffres de l’été 2022. Les pays les plus proches de la zone de guerre entre la Russie et l’Ukraine ou ceux qui sont éloignés mais fortement liés économiquement enregistrent la plus forte inflation.
- La Moldavie, pays frontalier du sud de l’Ukraine, enregistre plus de 34 % ;
- Plus de 20 % d’inflation pour les pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) et l’Ukraine ;
- Entre 15 et 20 % pour les pays de l’ancienne Yougoslavie, à l’exception de la Slovénie et de la Croatie qui font partie de l’Union Européenne.
- La Pologne, la Roumanie, la Hongrie, la République Tchèque et la Bulgarie dépassent les 15 % ;
- Enfin, à 14,3 % on trouve la Russie.
On ajoutera à ce classement, la Turquie dont la monnaie était déjà sous pression depuis plusieurs années qui affiche un taux record de 80 % !
L’Asie n’est pas touchée par l’inflation
Cette inflation est donc provoquée par deux phénomènes. Les prix de l’énergie qui s’envolent mais aussi l’augmentation des prix des matières premières.
L’inflation provoquée par la pénurie
La hausse des prix n’est pas due à une surchauffe de l’économie. Il n’y a pas plus de demande qu’en 2019 et l’épargne n’est toujours pas sortie des comptes en banque. Après la période COVID et la fin du confinement, dès le début du conflit en Ukraine, de nombreux industriels ont décidé de reconstituer leurs stocks. Résultat : des goulots d’étranglement dans la distribution et le transport avec un phénomène de rareté qui s’accompagne d’une hausse des prix. Ajoutons un petit peu d’opportunisme de la part de certains producteurs ou négociants en matériaux qui en profitent pour augmenter leurs tarifs.
La Chine à 2,6 % d’inflation
En dehors des anciennes républiques de l’URSS en Asie, les taux d’inflation ne dépassent pas 7 % en Asie. En Chine, on reste dans les standards des banquiers centraux, entre 2 et 3 %. En fait, l’Empire du Milieu n’a pas de problème d’approvisionnement puisqu’elle est l’usine du monde. En local, les biens arrivent en temps et en heure, en quantité.
En Amérique du Sud, rien ne change
Sur ce continent, il y a de bons élèves qui ne dépassent pas les 3 %, les élèves moyens qui sont dans les moyennes de l’Europe et les cancres, au fond de la salle. On trouve les habitués comme l’Argentine (78,4 %) ou le Venezuela (114 %) ou bien encore le Surinam (50 %), Cuba et Haïti (plus de 30 %). Pour eux, c’est essentiellement un problème de monnaie qui chute face au dollar notamment.
Les Argentins, qui vivent avec cette inflation galopante depuis près de 30 ans ont développé des stratégies pour survivre. On rappelle qu’ils ont même connu un état en faillite avec la saisie de leurs comptes bancaires. Donc pour eux, une inflation à 10 % serait de la rigolade.
Troc, or, devises étrangères : les armes anti-inflation
Dans ce pays-là, on utilise le troc mais aussi parfois l’or qui est un actif qui ne perd pas de valeur dans un contexte inflationniste. Le vrai risque pour les Argentins est de voir toutes leurs productions (notamment agricoles) expédiées à l’étranger. Les industriels préfèrent être payés en dollars ou en euros plutôt que de récupérer de la monnaie locale. Ce phénomène a comme effet pervers d’affaiblir encore plus la monnaie du pays mais aussi de provoquer des pénuries de produits de base pour les populations locales.
L’or comme monnaie contre l’inflation ?
On a vu dans certaines régions aurifères éloignées, des populations de chercheurs d’or organiser le commerce local avec des grammes, des pépites ou des grains d’or.
Changer de monnaie d’échange
Quand une monnaie perd trop de valeur, il est parfois nécessaire de s’en passer. Le troc est le meilleur exemple : l’échange d’un produit contre un autre. En Allemagne, à la fin de la deuxième guerre mondiale, les paysans vendaient leurs légumes contre des cigarettes américaines. La « clope » était devenue une monnaie.
Le Bitcoin comme solution ?
Les créateurs de cette crypto-monnaie avaient vraiment en tête de proposer un outil pour se passer des monnaies traditionnelles. Sauf, que dans ce contexte inflationniste, on remarque que le BTC est vraiment à la peine. Il n’arrive pas à se sortir des griffes des spéculateurs.
L’or stable et universel
Sur un an glissant, l’or est pratiquement au même prix. Il y a eu l’épisode du déclenchement d’une guerre et des records pour le cours de l’or, c’est vrai. Mais depuis, le cours est revenu sur ses niveaux d’avant février 2022. Et puis, ce métal précieux est connu et accepté partout dans le monde.
Si un jour votre monnaie locale s’effondre, vous pouvez toujours échanger votre or, si vous en avez dans votre patrimoine.
Brand & Content Manager chez Veracash.
Curieux de tout et en particulier d'Économie, de ses transformations et de l'impact qu'elle a sur nos sociétés.
Toutes les questions méritent une réponse, avec recul et pédagogie.