Le cours de l’or aujourd’hui a repris des couleurs, en baisse depuis plusieurs mois, l’hémorragie a été stoppée au mois de mars 2021. Tel un phénix, le métal jaune a profité du printemps pour reprendre de belles couleurs. Explications.

Le cours de l’or victime de la découverte du vaccin COVID

Avant de parler de rebond, revenons sur cette baisse de plusieurs mois du cours de l’or. Après des records absolus (1742 euros l’once) enregistrés en pleine crise sanitaire, l’or a entamé une longue correction. Si les investisseurs avaient en effet gavé leurs portefeuilles de valeur refuge, ils ont décidé de s’en délester en partie. Pourquoi ? Le signal a été donné par la découverte et la validation de vaccins contre le COVID-19. Dans l’esprit des traders, c’était la fin de la crise, l’économie allait repartir donc plus besoin d’assurance « gold ». C’est un peu binaire comme réaction mais le « loup de Wall Street » a un cerveau reptilien : action, réaction. Du 7 août 2020 au 5 mars 2021, le cours de l’or baisse de 11 % !

Le 5 mars 2021 : l’or entame un rebond

L’hémorragie est enfin stoppée. On aura donc glissé jusqu’à 1420 euros l’once d’or le 5 mars 2021. C’est à quelques euros près le prix enregistré un an auparavant, quand l’économie n’était pas encore totalement stoppée par le virus chinois. On peut donc affirmer que tous les gains de la pandémie sur l’or ont été effacés. Depuis, c’est une remontée quasiment sans arrêt jusqu’au début de ce mois de juin.

Cours de l'once d'or en euros sur les trois derniers mois

Quelles sont les raisons d’un tel renversement de tendance ?

C’est là que s’expriment la diversité et la richesse de cet actif. On a l’habitude d’opposer le cours de l’or à celui du marché des actions. Si l’un se porte bien, l’autre chute. Cela peut arriver mais c’est plus complexe en réalité. L’or a de multiples sous-jacents qui n’ont pas du tout les mêmes comportements : ils s’opposent, se complètent. Finalement, ils équilibrent la valeur de la relique barbare. Ce printemps 2021 en est la parfaite illustration.

Les critères financiers

  • Risques inflationnistes

Très clairement, la baisse du dollar en mars permet mécaniquement à l’or de progresser. C’est sans doute la raison de l’arrêt de l’hémorragie. En effet, le cours exprimé sur les sites boursiers correspond en grande partie à l’évolution des ETF Gold, l’or papier. Les actualités financières et monétaires jouent un rôle important chez les traders. Les investisseurs professionnels ont pensé que les dollars déversés sur l’économie américaine pour le plan de relance allaient se transformer en inflation, et donc dévaluer la monnaie dans laquelle est exprimée le cours de l’or.

  • Évolution des taux d’intérêt 

Dans le même temps, les taux d’intérêt à 10 ans ont bondi vers le 18 mars 2021. Et ça, au contraire, cela ne joue pas pour l’or. Les revenus des emprunts sont en concurrence direct sur les placements long terme de « sécurité ». Comme l’or n’a pas de rendement intrinsèque – uniquement une augmentation de sa valeur – dès que les taux grimpent, les investisseurs penchent pour eux. Pourtant, malgré quelques petites corrections, le cours reste en hausse. Il y avait donc d’autres raisons pour maintenir cette dynamique.

La consommation par le grand public

Chaque jour, des millions de personne utilisent de l’or ! Et du vrai, du bien réel, pas de l’or papier. 

  • La joaillerie

Le bijou représente une part très importante de la consommation du stock d’or physique en circulation. Avec une mention particulière pour l’Inde qui capte 50 % du métal destiné à la bijouterie dans le monde, notamment dans le cadre de mariages. Entre l’été et l’hiver 2020, la saison des mariages au pays de Bollywood, le confinement a imposé l’annulation des festivités et une chute de 75 % de la demande en bijoux selon le World Gold Council. Mais en mars, petite éclaircie (de courte durée avant l’apparition du variant indien), c’est la ruée vers l’or ! 160 tonnes sont importées en un seul mois. Habituellement, on est sur une moyenne de 60 tonnes mensuelles.

Dans notre premier épisode du podcast Il est l'or, on vous parle du lien entre la saison des mariages en Inde et le cours de l'or - à écouter à partir de 1 minutes 40. 

  • La dot et l’épargne de précaution

Les Indiens ont aussi une forte tradition de dot pour leurs mariages. Et elle contient souvent de l’or. Dans ce pays, comme en Chine, l’épargne passe souvent par la constitution d’un stock de pièces d’or et de lingots. Entre mars et mai 2021, les ménages ont été nombreux en Asie à acheter de l’or meilleur marché qu’en pleine pandémie. La baisse du prix de l’once peut aussi plaire à certains !

Les achats des banques centrales

Comme les ménages, les États ont aussi leur « épargne de précaution » avec leurs stocks d’or. Évidemment, on n’est pas sur le même registre mais clairement, pour protéger la stabilité de sa monnaie ou être moins dépendant du « roi dollar », certains pays renforcent leurs stocks dès que le cours baisse. Ce printemps, on a notamment vu deux pays, la Hongrie et la Pologne, investir dans des barres de 12 kg. La Turquie avait elle aussi gonflé ses réserves pour tenter de se prémunir contre les attaques sur sa monnaie, la Livre turque.

La volatilité du Bitcoin

Il y a de plus en plus souvent un lien, même s’il est ténu, avec l’évolution du Bitcoin (BTC). Quand l’actif numérique est allé toucher des sommets, certains ont décidé de se tourner vers lui, en délaissant l’or. Puis, quelques jours plus tard, Elon Musk, qui avait provoqué la flambée, retourne sa veste. C’est un retour rapide vers une valeur sûre, une valeur refuge… l’or.

Une hausse du cours de l’or mais jusqu’à quand ?

En fait, comme nous ne sommes pas Madame Irma, nous aurions bien du mal à vous donner une date bien précise. En ce début de mois de juin, le cours de l’or semble vouloir reprendre un petit peu son souffle après ce marathon de 3 mois en pente pas si douce que ça. La correction représente 9,5 % de hausse tout de même. Plutôt que de se laisser aller à des prévisions ou des prédictions, retenez de cette année 2020 et surtout de ce printemps 2021 que l’or reste relativement stable sur le moyen et le long terme. Bien évidemment, on préfère tous les tendances haussières mais une petite correction de temps en temps, les spécialistes vous le diront, cela renforce les fondations d’un cours et lui assure une belle stabilité pour demain.


Léa Maillochaud

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