Le rôle de l’or est multiple, aussi bien dans le portefeuille des épargnants que dans les réserves des banques centrales par exemple. Valeur refuge en période d’incertitude économique, actif de diversification financière, réserve monétaire ou encore instrument de stockage de valeur, l’or est influencé par une multitude de facteurs, dont certains indicateurs économiques majeurs aux États-Unis comme en Europe.
Chaque semaine, nous tentons d’analyser ces différentes influences.
Principaux indicateurs significatifs (valeurs arrêtées au 27/10/2023)
- Indice des prix à la consommation (IPC) américain : 3.4% (stable)
- Confiance des consommateurs US : 63,8 mieux qu’attendu mais en forte baisse ↗︎
- Valeur du Dow Jones : 32417 en nette baisse sur la semaine écoulée (-2.14%) ↘︎
- Valeur du S&P 500 : 4114 en nette baisse sur la semaine écoulée (-2.44 %) ↘︎
Contexte général
Cette semaine encore, les marchés financiers se sont retrouvés confrontés à des signaux contradictoires qui n’ont pas été pour rassurer les investisseurs.
Et comme les semaines précédentes, cela s’est traduit par une nouvelle baisse générale de la plupart des indices boursiers américains et européens.
Certes, de bonnes nouvelles sont venues éclaircir l’horizon économique, notamment en Europe où la BCE a indiqué renoncer pour l’instant à augmenter davantage ses taux, marquant ainsi une première pause en 16 mois dans son cycle de relèvement des taux le plus rapide de toute son histoire. Mais la prudence reste de mise car Christine Lagarde a déclaré que cette pause risquait fort de n’être que provisoire, laissant entendre que les taux pourraient bien continuer à monter ultérieurement.
Car de son côté, l’inflation ne semble pas donner de véritables signes d’essoufflement, elle aurait même tendance à se stabiliser. Et même si tout le monde s’accorde sur l’inutilité relative d’une hausse des taux dans le cas présent, où cette inflation n’est pas liée à une augmentation de la demande, la variation des taux reste le seul outil dont disposent les banques centrales pour remplir leur mandat qui leur impose de revenir au seuil de 2%.
On sait ainsi d’ores et déjà que plusieurs banques centrales, dont la Banque du Japon, la Banque d’Angleterre et la Réserve fédérale américaine prendront des décisions sur leurs taux durant la première semaine de novembre, et pour certaines, le pronostic est déjà quasiment sûr.
En effet, pour ne parler que des Etats-Unis dont l’économie continue à donner le La sur les marchés mondiaux, plusieurs indices sont ressortis plutôt positivement alors qu’on les souhaitait plus dégradés comme un signe que la politique de la Fed portait enfin ses fruits. Par exemple, même s’il apparaît en net recul par rapport à son niveau du mois de septembre, l’indice de confiance des consommateurs américains pour octobre est ressorti à 63.8 au lieu des 63 estimés. De la même façon, les dépenses de consommation des ménages américains ont augmenté de 0,7% le mois dernier par rapport au mois précédent, une progression bien supérieure aux attentes (+0,4%) tandis que l’épargne recule. Sauf que ce qui pourrait être une bonne nouvelle dans d’autres circonstances, semble ici indiquer au contraire que le resserrement de la politique monétaire orchestré par la Fed n’est pas près de toucher à sa fin, et on s’attend à un tour de vis supplémentaire mercredi prochain 1er novembre, pour amener les taux US aux alentours des 5,75%.
Nul doute que ce signal risque fort d’inspirer la BCE pour ses prochaines réunions…
Évolution du cours de l’or
L’or a une fois encore battu des records historiques, cette fois en euros. Avec une once qui cotait très exactement 1900,77 € le 30 octobre à 1h45 du matin, le métal jaune a en effet pulvérisé son dernier pic à 1887 € qui remontait à peine au 26 octobre. Et quand on voit que l’or touche déjà les 1900 € dès les premières heures de cette nouvelle semaine, on peut se dire qu’on reste sur une dynamique positive forte.
Toutefois, là encore, la prudence est de mise. Car s’il est vrai que l’instabilité géostratégique mondiale (en Ukraine et en Israël notamment) ainsi que les turbulences des marchés restent favorables au cours de l’or, il ne faut pas négliger plusieurs facteurs importants.
Pour l’instant, le record historique du cours de l’or en euros a été battu, certes, mais pas celui en dollars (avec un pic à environ 2009 USD le 27 octobre), car la monnaie américaine s’est encore renforcée. Et avec les risques non négligeables de nouvelle remontée des taux de la Fed, la devise US pourrait encore gagner en attractivité, ce qui n’est jamais bon pour l’or. En effet, entre deux valeurs de réserve, les investisseurs ont toujours tendance à privilégier la plus liquide et la plus rentable à court terme (même si c’est totalement contre-intuitif quand on parle de réserve).
De la même façon, les marchés boursiers européens continuent leur dégringolade et, pour ne parler que du CAC 40 qui se retrouve désormais sous la barre symbolique des 6800 points (6795), ils retrouvent désormais des niveaux qui effacent toute la hausse de 2023. Certains investisseurs pourraient y voir un signal annonçant bientôt un nouveau point d’entrée très intéressant, d’autant plus que la crise que connaît actuellement le marché secondaire obligataire pourrait relancer l’appétit pour les actions. Et là encore, une remontée de la bourse serait préjudiciable à l’or.
Par conséquent, un retournement de tendance pour l’or est possible, qu’il s’agisse d’une correction mécanique après la forte augmentation du cours de l’once, ou encore d’un repli stratégique des investisseurs vers des actifs proposant de nouvelles perspectives de rentabilité.
Auteur et consultant depuis plus de vingt ans dans le domaine de la communication stratégique, il a plusieurs fois travaillé pour le compte d'entreprises financières dont il décrypte aujourd'hui les coulisses et les mécanismes économiques de base à l'intention du plus grand nombre.