America First, acte II. Donald Trump, 47e président des États-Unis, reprend les rênes de la politique commerciale avec une détermination renouvelée. Son credo ? Taxer tout ce qui n’est pas Made in USA. Son plan ? Imposer des droits de douane massifs, assumer un protectionnisme sans complexe et engager des négociations musclées. Résultat : le monde entier se retrouve dans le collimateur.

Pourquoi cette offensive ? Officiellement, pour protéger les emplois américains et réduire le déficit commercial des États-Unis qui a atteint le niveau record de 920 milliards de dollars en 2024.

Officieusement, pour marquer son territoire et montrer que l’Amérique ne se laissera plus « exploiter » par les autres puissances économiques.

La Chine : cible prioritaire

Pékin encaisse les premières salves. Les tensions avec la Chine n’avaient jamais vraiment disparu depuis la première guerre commerciale sous Trump, entre 2018 et 2021. Mais en 2025, le président américain relance l’affrontement avec une nouvelle vague de taxes ciblant plus particulièrement le secteur technologique.

La high-tech en ligne de mire

Les nouvelles taxes de 10 % sur les importations chinoises frappent des secteurs clés comme l’électronique, les semi-conducteurs et les machines-outils.

  • Les smartphones, en grande partie fabriqués en Chine, voient leurs prix augmenter pour les consommateurs américains.
  • Apple, qui dépend fortement de la production chinoise, envisage de relocaliser une partie de sa chaîne d’approvisionnement en Inde et au Vietnam.
  • Les fabricants chinois, comme Huawei et Xiaomi, font face à une forte baisse de leurs exportations vers les États-Unis.

La contre-offensive chinoise frappe les agriculteurs américains

La riposte chinoise ne tarde pas. Pékin impose alors des droits de douane de 10 % sur des produits américains stratégiques comme le pétrole et les automobiles mais surtout le soja.

En 2024, les exportations américaines de soja vers la Chine représentaient 14 milliards de dollars. Une taxe supplémentaire sur ce secteur pénalise lourdement les agriculteurs du Midwest, déjà touchés par la volatilité des prix du blé et du maïs.

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L’Europe : partenaire ou adversaire ?

Alors que les relations entre Washington et Bruxelles avaient déjà été éprouvées lors du premier mandat du président républicain, l’épisode 2025 de la guerre commerciale promet d’être encore plus brutal.

Trump accuse l’Europe de mener une politique commerciale injuste et de profiter d’un commerce déséquilibré au détriment des États-Unis. Il fustige notamment l’excédent commercial de l’UE avec les États-Unis, qui s’élevait à 203 milliards de dollars en 2024, un chiffre en nette hausse par rapport aux années précédentes.

Face à ce constat, la Maison-Blanche décide d’appliquer une surtaxe de 25 % sur trois secteurs stratégiques :

  • L’automobile allemande, accusée de dominer le marché américain sans réelle contrepartie.
  • Les produits agroalimentaires français, soupçonnés de fausser la concurrence grâce aux subventions européennes.
  • L’aéronautique européenne, et plus particulièrement Airbus, considéré comme un rival direct de Boeing, soutenu par Washington.

Ces mesures visent non seulement à rééquilibrer la balance commerciale, mais aussi à forcer les Européens à faire des concessions sur d’autres dossiers, comme l’énergie ou la réglementation technologique.

Bruxelles tente bien de jouer la carte de la diplomatie, mais Washington exige des concessions immédiates :

  • Relocalisation d’usines américaines en Europe.
  • Augmentation des importations de gaz naturel liquéfié américain.
  • Baisse des barrières commerciales sur certains produits technologiques et pharmaceutiques.
  • Une négociation façon bras-de-fer qu’on pourrait résumer par « un deal ou la sanction ».

Le reste du monde sous pression

Les voisins directs des États-Unis, à savoir le Mexique et le Canada, sont eux aussi dans la ligne de mire de Trump. Celui-ci menace en effet de revoir l’Accord États-Unis–Mexique–Canada (AEUMC) si ces derniers ne se plient pas à ses exigences en matière de production et de migration. Le 1er février 2025, il signe des décrets imposant des droits de douane de 25 % sur toutes les importations en provenance du Mexique et du Canada, à l’exception des exportations canadiennes d’énergie, qui sont taxées à 10 %. Et au passage il en profite pour serrer la vis à l’Inde et au Japon.

Le Mexique contre-attaque : entre prudence et fermeté

En réponse, le Mexique dénonce, par la voix de sa présidente Claudia Sheinbaum « des mesures injustes et infondées« , affirmant que son gouvernement « ne se laissera pas dicter sa politique économique par Washington« .

Mais plutôt que d’annoncer immédiatement des représailles précises, elle évoque des « mesures tarifaires et non tarifaires« , sans en dévoiler les détails. Pourquoi cette prudence ? Parce que le Mexique ne peut pas se permettre une guerre commerciale prolongée avec les États-Unis. En 2024, plus de 80 % des exportations mexicaines étaient destinées au marché américain, notamment dans des secteurs clés comme l’automobile, l’agriculture et dans une moindre mesure les pièces électroniques et les textiles.

Une escalade brutale des tensions pourrait gravement pénaliser l’économie mexicaine et pousser certaines entreprises américaines à relocaliser ailleurs en Amérique latine, voire en Asie.

Le Canada répond de manière immédiate et ciblée

Si le Mexique opte pour une stratégie d’attente, le Canada, lui, ne perd pas de temps. Dès l’annonce des nouvelles taxes américaines, le Premier ministre Justin Trudeau monte au créneau et annonce une riposte « proportionnée et immédiate« .

L’objectif est clair : frapper là où ça fait mal, tout en affichant une posture de fermeté face à Washington. Le 2 février 2025, Ottawa impose une surtaxe de 25 % sur 155 milliards de dollars de produits américains, visant stratégiquement plusieurs secteurs emblématiques de l’économie de l’Oncle Sam (bière, bourbon, machines industrielles…).

Pourquoi cette réaction aussi rapide ? Parce que le Canada a déjà vécu cette situation sous le premier mandat de Trump. En 2018, face aux taxes américaines sur l’acier et l’aluminium, Ottawa avait déjà instauré des contre-mesures similaires, et l’histoire semble se répéter.

L’Inde et le Japon également sous tension

L’Inde, qui cherche à s’imposer comme alternative à la Chine, subit également des mesures protectionnistes. En première ligne, le secteur des technologies et des médicaments génériques, deux domaines où l’Inde est un acteur majeur. Les États-Unis annoncent une hausse des droits de douane sur les importations de composants électroniques indiens, freinant les ambitions de New Delhi d’attirer les géants comme Apple et Tesla, qui cherchaient justement à décrocher de la Chine. De son côté, le gouvernement indien envisage de taxer les exportations de Harley-Davidson et de soja américain, histoire de renvoyer la balle à Washington.

Même le Japon, pourtant proche allié, doit renégocier certains accords sous peine de voir ses exportations de voitures et d’équipements électroniques frappées de taxes supplémentaires. Toyota et Honda, qui exportent chaque année des centaines de milliers de véhicules aux États-Unis, commencent à évaluer des alternatives pour protéger leurs parts de marché.

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L’effet boomerang

Problème : cette guerre commerciale généralisée a un coût.

  • Pour les entreprises américaines, qui importent des composants étrangers et voient leurs coûts exploser.
  • Pour les consommateurs, qui payent plus cher les produits étrangers et voient le prix de certains biens locaux grimper par effet domino.

Les démocrates avertissent que les tarifs douaniers entraîneront une hausse des prix pour les familles et les entreprises américaines. Le président Trump reconnaît que les tarifs pourraient avoir des effets négatifs, mais insiste sur le fait qu’ils sont nécessaires pour rendre l’Amérique à nouveau prospère.

Et sur les marchés financiers, la nervosité monte. Les multinationales, prises en étau entre des restrictions commerciales et des incertitudes économiques, ajustent leurs stratégies. La croissance mondiale ralentit, et certains secteurs, comme l’automobile ou la tech, sont en pleine reconfiguration.

Du côté de Trump, le message est clair : le commerce mondial est un jeu à somme nulle. Soit les autres s’alignent sur les intérêts américains, soit ils en paient le prix. Cette posture ultra-nationaliste, qui plaît à son électorat, isole progressivement les États-Unis sur la scène économique. Mais le Président n’en a cure. Avec lui, l’Amérique négocie à coups de poing. Et le reste du monde doit s’y préparer.