L’or et l’argent peuvent-ils encore servir de monnaie aujourd’hui, alors que nos usages monétaires tendent désormais vers le numérique et les échanges dématérialisés ? Oui, parce que les métaux précieux ont toujours eu un rôle important dans l’histoire de la monnaie. Et pour mieux comprendre comment il est encore possible de payer avec de l’or et de l’argent, nous vous proposons une plongée dans cette évolution monétaire à travers les siècles !

Comment l’or est devenu une monnaie de référence ? 

Pour comprendre comment les métaux précieux sont devenus une monnaie, il faut se replonger dans l’Histoire. La notion même de monnaie est en effet fortement liée à l’évolution des civilisations. Au temps des chasseurs-cueilleurs, la monnaie n’est pas vraiment nécessaire : le troc suffit aux échanges. Le fruit de la chasse contre une nouvelle sagaie, par exemple : la richesse de l’un est nécessaire pour l’autre, et vice-versa. 

Riche comme Crésus, ce n’est pas qu’une légende ! 

Mais dès lors que les premières civilisations commencent à pratiquer le commerce à plus grande échelle, une monnaie de référence devient nécessaire. Le premier à frapper une monnaie en or, sous forme de pièce, est le roi Alyattès, le père du futur roi Crésus, vers 600 avant Jésus-Christ. Lorsqu’il règne à son tour sur la Lydie (l’actuelle Turquie), son fils améliore cette monnaie avec des statères en or et en argent : les créséides. Ces premières pièces sont frappées suivant un standard de poids : 10,67 grammes pour les créséides en or, dont près de 98% d’or pur. Le roi lydien jette aussi les premières bases du bimétallisme : un statère en or vaut dix statères en argent. Ces statères doivent montrer l’influence et la richesse du roi – après tout, il s’agit du roi Crésus ! Cette notion d’influence reste d’ailleurs importante dans les siècles qui suivent. Les civilisations antiques conservent l’or comme monnaie de référence, et comme preuve de leur puissance. Ce n’est pas un hasard si les statères grecs, puis les aureus romains marquent autant l’histoire !

Mais pourquoi l’or et l’argent ? 

Pourquoi ces métaux précieux, et pourquoi pas du sel, du cuivre ou même des coquillages, comme les cauris qui ont longtemps servi de monnaie-marchandise ?

Ce sont les qualités intrinsèques de ces métaux qui font leur valeur. L’or et l’argent sont ductiles, malléables et dense. Ils se conservent très bien dans le temps, et résistent aux chocs : l’argent s’oxyde très peu, l’or pas du tout. Leur rareté ajoute à leur valeur : ce sont des métaux qui ne se trouvent pas facilement. 

Les pièces peuvent être frappées à l’effigie d’un roi ou d’un empereur, et fondues pour être frappées de nouveau lorsqu’un autre monarque prend le pouvoir. Et en effet, ce n’est pas tant leur frappe qui leur donne leur valeur que… la garantie de leur poids en or ou en argent. Ainsi, lorsque le solidus romain s’impose au début du IVe siècle, c’est son poids en or (4,5 grammes d’or fin) qui lui donne une valeur reconnue dans l’ensemble de l’Empire romain. Même après la chute de Rome, le solidus reste une référence pendant plusieurs siècles en raison de sa valeur en or. L’Empire byzantin par exemple adopte le solidus d’or et ses déclinaisons ! Et nous voilà passés de la monnaie-marchandise à une monnaie divisionnaire standardisée, dont la composition est garantie par l’autorité du moment.

L’or et la monnaie fiduciaire : je t’aime, moi non plus ? 

Lorsqu’on parle de « monnaie » dans notre société actuelle, il n’est plus question de monnaie-marchandise. On n’utilise plus non plus les pièces d’or ou d’argent pour régler les achats du quotidien : la monnaie fiat, ou monnaie fiduciaire, a remplacé les métaux précieux. La valeur de ces pièces et de ces billets repose sur la confiance que l’autorité leur donne. Ils n’ont pas de valeur propre. Si vous souhaitez régler un achat avec un billet de 200 euros dans un village au fin fond de l’Amérique centrale, il y a fort à parier qu’on vous refusera ce moyen de paiement. On est donc bien loin de la valeur reconnue d’une pièce d’or : même un Napoléon, par exemple, pourrait être utilisé pour sa valeur intrinsèque en or.

Après Bretton-Woods, le cours de l’or est devenu un révélateur

La monnaie fiduciaire, pourtant, s’est longtemps reposée sur celle de l’or. Ainsi, entre 1879 et 1939, l’étalon-or a permis la mise en place d’un régime de change fixe, où un pays pouvait rendre sa devise convertible en une certaine quantité d’or.  Avec une contrainte pour les pays : une masse monétaire limitée par la réserve d’or détenue par le pays. Pour augmenter sa masse monétaire, il faut donc augmenter sa réserve en or. Le système a ensuite été fragilisé par l’intensification des échanges commerciaux entre les pays, puis la première guerre mondiale et l’inflation qui a suivi. A partir de 1945 et avec les accords de Bretton-Woods jusqu’en 1971, c’est un autre système de change fixes qui se met en place : seul le dollar est convertible en or, et… toutes les autres monnaies sont convertibles en dollars.

En savoir plus sur le fonctionnement de la finance institutionnelle : Casa de Papel, la leçon sur la monnaie du Professeur

Et il ne faut pas oublier la place de l’argent ! 

Le cours de l’argent toujours eu tendance à être corrélé à celui de l’or. Un statère d’or valait 10 statères en argent, et l’aureus d’or romain valait 25 deniers d’argent. Et après la Révolution française, le bimétallisme a aussi pris plus de place dans l’organisation monétaire autour du Franc Germinal, avec une valeur du gramme d’or fixée à 15,5 grammes d’argent. 

Il faut savoir qu’au milieu du XIXème siècle, la monnaie pour le commerce et les échanges internationaux, c’est l’argent, poussé par la France. L’Angleterre, un peu affaiblie valorise l’or. A l’époque, la star c’est l’Ecu 5 francs argent. Quand l’or reprend le pouvoir, de nombreuses régions rurales françaises s’accrochent à leurs écus en argent, comme une résistance du village gaulois face à l’envahisseur en or ! En 1873, le Coinage Act américain démonétise l’argent et consacre l’étalon or.

La démonétisation des pièces d’argent en France a été tardive : nombreux sont ceux qui se souviennent des pièces 50 Francs Hercule, frappées jusqu’en 1980, offertes à Noël ou pour récompenser les bons bulletins scolaires… Les moins de 40 ans ne peuvent pas se souvenir de la dernière pièce de 5 francs en argent, la célèbre semeuse frappée entre 1959 et 1969 même si on l’appelle généralement la semeuse 1960. Elle sera ensuite remplacée par des petites sœurs dans des métaux moins précieux (nickel ou aluminium).

Comment l’or peut soutenir un moyen de paiement moderne ?

Dans nos habitudes quotidiennes, nous utilisons encore la monnaie fiduciaire, mais celle-ci a largement laissé la place à la monnaie scripturale, c’est-à-dire la monnaie qui circule par le biais des virements, des prélèvements, des chèques ou avec des cartes de paiement. Et la crise sanitaire entraînée par la COVID-19 a même agi comme un accélérateur du paiement dématérialisé et du paiement sans contact !  Le numérique a aussi boosté les cryptomonnaies… et les offres de néobanking, qui montrent bien la volonté des particuliers de se tourner vers des solutions qui ne dépendent pas des organismes bancaires classiques. 

En parallèle, l’or apparaît toujours comme une excellente couverture, un moyen de se protéger en cas de dévaluation monétaire – c’est-à-dire dans le cas où la monnaie scripturale n’est plus accessible, et où la monnaie fiduciaire perd de la valeur par exemple. La solution proposée par VeraCash, une carte de début non bancaire qui permet de régler ses dépenses du quotidien avec des métaux précieux, apparaît comme une alternative à la croisée des chemins. Une solution qui accompagne l’évolution de la monnaie, mais qui remet aussi l’or au cœur des échanges.