Principaux indicateurs américains (valeurs arrêtées au 11/04/2025)
- Taux d’intérêt de la Réserve fédérale (Fed) : 4.5%
- 219 000 inscriptions hebdomadaires au chômage, stable
- Inflation américaine sur 12 mois : 2.8 %
- Confiance des consommateurs US (indice Michigan) : 50.8 en forte baisse ↘︎
- Valeur du Dow Jones : 40213 en hausse ↗︎
- Valeur du S&P 500 : 5363 en hausse ↗︎
Principaux indicateurs européens (valeurs arrêtées au 11/04/2025)
- Taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) : 2.75 %
- Taux d’inflation moyen pour la zone euro : 2.2 %
- Taux de chômage pour la zone euro : 6.1 %
- Confiance des consommateurs et des entreprises zone euro : -14.5
- Production industrielle de la zone euro : 0 %
- EUR/USD : 1.14 en très forte hausse ↗︎
Évolution du cours de l’or
Le cours de l’or libellé en euros a connu un fort rebond cette semaine, après une phase de correction brutale fin mars et début avril. Si l’once est passée brièvement sous les 2 710 € le 9 avril, elle a rebondi dans la foulée pour finir la semaine proche de 2 860 €, effaçant ainsi la majeure partie de ses pertes récentes.
Ce retournement haussier s’explique par une combinaison de facteurs politiques, économiques et géopolitiques majeurs, auxquels s’ajoute un contexte monétaire marqué par l’envolée de l’euro.
Une poussée géopolitique et commerciale propice à l’or
La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine a connu une nette intensification : la mise en œuvre effective des tarifs douaniers réciproques à partir du 9 avril a provoqué une nouvelle onde de choc sur les marchés boursiers mondiaux. Tandis que Wall Street vacillait (avant de se reprendre en fin de semaine), les places asiatiques et européennes ont connu une forte volatilité. Cette situation a accentué l’incertitude économique globale, renforçant l’attrait de l’or en tant que valeur refuge.
Le revirement soudain de Donald Trump, annonçant le 10 avril une « pause tarifaire » à l’égard de tous les pays sauf la Chine, a certes permis un court répit sur les marchés, mais n’a pas inversé la tendance de fond. Cette instabilité politique et commerciale alimente la prime de risque perçue par les investisseurs, qui se tournent à nouveau vers les métaux précieux.
Autre élément anxiogène : le dernier rapport de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) sur le programme nucléaire iranien. Les stocks d’uranium enrichi à 60 % atteignent des niveaux critiques, ravivant le spectre d’un regain de tension au Moyen-Orient. En effet, les réserves totales d’uranium enrichi de l’Iran s’élevaient à la date du 8 février à 8294,4 kg (contre 6.604,4 kg trois mois auparavant), soit plus de 41 fois la limite autorisée. Cette incertitude géopolitique ajoute une pression supplémentaire sur les marchés et favorise mécaniquement l’or.
Forte demande chinoise et soutien des banques centrales
Le soutien affiché de la Banque populaire de Chine à son marché boursier, combiné à ses achats d’or officiels pour le cinquième mois consécutif, constitue un autre facteur haussier. La prime de Shanghai sur l’or a doublé cette semaine, traduisant une demande interne soutenue malgré la chute du yuan. Le marché chinois continue de jouer un rôle déterminant dans le soutien structurel au cours mondial de l’or.
Les achats de banques centrales, toujours orientés à la hausse selon le World Gold Council, renforcent encore cette dynamique. Le rôle de l’or comme pilier de diversification des réserves monétaires reste stratégique pour de nombreux pays, notamment face à l’instabilité du dollar.
L’euro s’envole, mais l’or en euros résiste
L’euro a fortement progressé face au dollar cette semaine, atteignant un plus haut de trois ans à 1,1470 USD. Ce mouvement aurait normalement dû freiner la progression de l’or libellé en euros. Pourtant, l’or a non seulement résisté, mais il a regagné plus de 5 % en quelques jours.
Ce paradoxe apparent s’explique par la violence des secousses sur les marchés d’actions et les perspectives macroéconomiques dégradées. La recherche de protection contre la volatilité et l’inflation potentielle domine nettement l’impact négatif de l’appréciation de la monnaie unique sur le prix de l’or en euros.
Une reprise appuyée par les fondamentaux
Le consensus des analystes (Deutsche Bank, MKS Pamp, Goldman Sachs…) prévoit désormais un prix moyen de l’or autour de 3 100 $ à 3 150 $ pour 2025, avec des hausses potentielles si les tensions géopolitiques ou monétaires persistent. La « prime chaos Trump » évoquée par certains experts pourrait d’ailleurs continuer à soutenir cette tendance.
La semaine qui s’achève montre à quel point les fondamentaux de l’or restent solides : la correction du début avril apparaît rétrospectivement comme un simple épisode technique dans une tendance de fond haussière. Le seuil symbolique des 3 000 dollars l’once a été réintégré, et celui des 2 850 euros pourrait servir de nouveau plancher en cas de consolidation.
Auteur et consultant depuis plus de vingt ans dans le domaine de la communication stratégique, il a plusieurs fois travaillé pour le compte d'entreprises financières dont il décrypte aujourd'hui les coulisses et les mécanismes économiques de base à l'intention du plus grand nombre.