Le rôle de l’or est multiple, aussi bien dans le portefeuille des épargnants que dans les réserves des banques centrales par exemple. Valeur refuge en période d’incertitude économique, actif de diversification financière, réserve monétaire ou encore instrument de stockage de valeur, l’or est influencé par une multitude de facteurs, dont certains indicateurs économiques majeurs aux États-Unis comme en Europe. Et on le voit cette semaine avec la pluie de records qui tombe.
Chaque semaine, nous tentons d’analyser ces différentes influences.
Les indicateurs en gras sont ceux qui ont évolué depuis la dernière note de conjoncture.
Principaux indicateurs américains (valeurs arrêtées au 08/03/2024)
- Taux d’intérêt de la Réserve fédérale (Fed) : 5.5% inchangé depuis juillet
- 275000 nouveaux emplois créés en février, en haute très nette ↗︎
- Inflation américaine annuelle (indice PCE) : 2,8 % inchangé
- Confiance des consommateurs US (indice Michigan) : 76,9 inchangé
- Valeur du Dow Jones : 38723 en repli ↘︎
- Valeur du S&P 500 : 5123 en repli ↘︎
Principaux indicateurs européens (valeurs arrêtées au 08/03/2024)
- Taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) : 4.5 % inchangé
- Taux d’inflation moyen pour la zone euro : 2.6 % inchangé
- Taux de chômage pour la zone euro : 6.4 % inchangé
- Confiance des consommateurs et des entreprises zone euro : -15.5 inchangé
- Production industrielle de la zone euro : 1.2 % inchangée
- EUR/USD : 1.0937 en hausse ↗︎
Évolution du cours de l’or
Tandis que les banquiers centraux continuent à souffler le chaud et le froid au sujet de la baisse prochaine des taux d’intérêt, l’or continue à grimper, cassant record sur record, aussi bien face au dollar qu’à l’euro.
Ainsi, le cours du métal précieux a atteint 2195 dollars vendredi soir avant finalement de clôturer à 2178 USD, ce qui constitue un nouveau record historique qui surpasse de 2% environ le précédent pic datant de décembre 2023. En un an, l’or a ainsi progressé de 18,96% (et de 5,46% depuis le 1er janvier 2024), ce qui prouve le dynamisme actuel de ce marché.
Mais une fois n’est pas coutume, l’or se porte également incroyablement bien face à l’euro, battant là aussi tous les records au point de se retrouver à un saut de puce de la barre symbolique des 2000 euros l’once (1997,35 € très exactement).
Certes, la publication des résultats économiques de ces deux dernières semaines peut expliquer en partie ces performances, et l’annonce par Christine Lagarde d’une première baisse de taux “probable” en juin est venue fouetter les sangs des investisseurs européens notamment. Lesquels ont — comme leurs homologues américains — souhaité anticiper le moment où l’or redeviendra compétitif face aux obligations. À ce moment-là en effet, ceux qui auront correctement provisionné leur portefeuille en actif doré seront susceptibles de faire une jolie plus-value.
Mais on ne peut nier également l’influence du conflit russo-ukrainien qui fait peser un certain nombre de menaces de plus en plus présentes sur l’équilibre géopolitique de tout le continent européen. À ce titre, l’or joue alors pleinement son rôle de valeur-refuge et aussi bien les banques centrales que les particuliers restent particulièrement acheteurs.
Notons également que le marché de l’or se révèle particulièrement dynamique d’un point de vue global ces derniers jours. Un indicateur intéressant réside dans les volumes d’échange au sein du New York Commodities Exchange (ou COMEX), la principale bourse de métaux précieux du monde qui gère 85% des contrats futurs sur l’or. Certes, il s’agit principalement de transactions portant sur de l’or papier qui représente plus de 100 fois la quantité réelle d’or physique présent dans le monde, mais ces contrats influencent lourdement le cours de l’or. Et justement, la semaine dernière, ces volumes d’échanges ont été trois fois plus importants que le volume moyen depuis 3 ans, avec jusqu’à 13 acheteurs pour 1 vendeur.
De la même façon, on ne peut ignorer le rôle non négligeable de la Chine dans les récentes surperformances de l’or. D’abord, les célébrations du Nouvel An Chinois sont toujours l’occasion d’acheter de l’or pour les ressortissants de l’Empire du Milieu, mais c’est particulièrement le cas cette année en raison de la situation économique chinoise qui se rapproche de plus en plus de celle des pays occidentaux. Et qui s’éloigne donc progressivement des chiffres de croissance quasi exponentielle auxquels la Chine avait fini par s’habituer. Par conséquent, les Chinois accroissent leurs achats d’or et, le mois dernier, le passage à l’année du Dragon s’est traduit par une augmentation de 24% des achats d’or (sous forme de bijoux et de lingots) par rapport à 2023.
Enfin, d’un point de vue plus technique, on note que les rendements obligataires ont amorcé leur décrue en Europe, suite à la publication des anticipations d’inflation pour 2024. En effet, la BCE s’attend désormais à une inflation de 2.3% sur l’année, contre 2.7% initialement prévus. En réaction, le Bund allemand ainsi que l’OAT française à 10 ans et leur équivalent italien ont commencé à reculer. Un signe qui vient encore renforcer l’attractivité de l’or auprès des investisseurs.
Auteur et consultant depuis plus de vingt ans dans le domaine de la communication stratégique, il a plusieurs fois travaillé pour le compte d'entreprises financières dont il décrypte aujourd'hui les coulisses et les mécanismes économiques de base à l'intention du plus grand nombre.