Si l’or est décrit comme une « valeur refuge », c’est pour une bonne raison : cet actif conserve sa valeur intrinsèque en période de crise. Entre pandémie, crise géopolitique et inflation, le cours de l’or a atteint des sommets ces deux dernières années. Quelles situations économiques doivent être surveillées et comment le métal précieux réagit face à la conjoncture économique ? Nous vous proposons quelques éléments pour comprendre.
L’or, thermomètre des inquiétudes quand la conjoncture économique se dégrade
Depuis les attentats du World Trade Center en septembre 2001 et la fermeture de Wall Street pendant 4 jours (la plus longue période depuis la récession de 1929, tout un symbole !), le cours de l’or est véritablement devenu le thermomètre des inquiétudes des investisseurs. Jusqu’alors, ces mêmes investisseurs boudaient le métal précieux et lui préféraient le dollar, notamment. Mais la chute du World Trade Center a aussi marqué, d’une certaine façon, celle du billet vert.
Ainsi, deux ans après les attentats de New-York et à la veille de leur commémoration, le cours de l’or se fait remarquer par les analystes : il atteint 383 dollars l’once, sur fond de baisse du dollar et de tensions politiques au Proche-Orient. Selon les Echos du 10 septembre 2003, c’est une « conjonction de facteurs, le plus lourd étant la méfiance des investisseurs à l’égard du dollar à la veille du 11 septembre ».
Comment analyser conjoncture économique et cours de l’or ?
Le cours de l’or est surtout influencé par plusieurs facteurs
Le statut de valeur refuge de l’or pourrait laisser penser que le cours monte en cas de crise, et qu’il descend lorsque l’économie se porte mieux. Mais dans les faits, le calcul n’est pas si simple et le cours de l’or est le plus souvent l’écho d’un faisceau d’éléments. Méfiance des investisseurs, tensions géopolitiques, cours du dollar, variations des taux d’intérêt, inflation, politique des banques centrales, demande des pays émergents… ou encore une pandémie : autant de sous-jacents dont il faut tenir compte.
Dans une conjoncture économique favorable, avec un dollar fort et des signaux positifs envoyés par la Réserve fédérale américaine ou les Banques centrales avec l’augmentation des taux d’intérêt, le cours de l’or a plutôt tendance à baisser. Les investisseurs lui préfèrent alors des actifs de long terme. Mais cet équilibre peut s’inverser à tout moment.
Les 20 dernières années ? Des crises, et ce n’est pas fini
Si on jette un coup d’œil dans le rétro sur les 20 dernières années, le cours de l’or suit une tendance haussière sur le fond, mais il a été marqué par des pics à certaines périodes. Quelques exemples ? La crise des subprimes en 2008 et la crise de la dette qui a suivi en Europe entre 2011 et 2012, puis l’annonce du Brexit en 2016 qui entraîné une ruée vers l’or. Ou encore, plus récemment, la crise de confiance sur fond de pandémie de Covid-19, lorsque l’or a atteint un record historique à 1 737 euros l’once début août 2020. Début mars, nouvelle crise majeure avec l’invasion de l’Ukraine, nouvelles inquiétudes et nouveau pic pour l’or (1 880 euros l’once le 9 mars 2022). Ces dernières années, les investisseurs n’ont pas manqué de (bonnes) raisons de s’inquiéter… et de se tourner vers l’or.
Et une conjoncture économique dégradée en 2022
La conjoncture économique est mesurée selon le taux de croissance, le taux d’inflation, la dette publique, l’évolution du taux de chômage et le déficit budgétaire. Mais en France comme à l’étranger, après deux années marquées par la pandémie et par une hausse des prix liée à la pénurie de certaines matières premières, ces indicateurs ne sont pas dans le vert. « Le PIB français a marqué le pas au premier trimestre 2022 », relève l’Insee dans son point de conjoncture publié le 9 mai 2022. L’institut national de la statistique et des études économiques avance aussi l’inflation des prix et l’incertitude des ménages. Cela ne concerne pas que l’économie française. « La guerre en Ukraine entrave la reprise de l’économie mondiale », selon le Ministère de l’économie, des finances et de la relance, tandis que le Fonds monétaire international estime que la dette privée mondiale pourrait ralentir la reprise économique.
L’inflation américaine, indice toujours scruté de près par les analystes, s’est révélée plus importante que prévu en avril, à 8,3 % sur un an et à un niveau record depuis 40 ans. En Europe, il est de 7,5 % en avril sur un an, et en France 4,8 % selon l’Insee. Autant d’indicateurs dégradés qui peuvent entraîner une crise de la confiance chez les investisseurs.
Conjoncture économique dégradée ou… « tempête parfaite » à venir ?
En avril 2022, Les Echos citaient justement Mark Zandi, chef économiste de l’agence américaine de notation financière Moody’s : « C’est la tempête parfaite : l’invasion russe, la hausse des prix du pétrole, les confinements en Chine, les nouvelles perturbations des chaînes logistiques, la hausse des salaires, les pénuries d’emplois ». L’expression « Tempête parfaite », ou « perfect storm », désigne un cocktail des pires circonstances possibles. Alors que les tensions géopolitiques sont toujours aussi fortes avec la guerre en Ukraine, elles se conjuguent à l’ensemble des facteurs évoqués plus haut : un dollar faible, une inflation plus forte (et plus durable) qu’attendue, et la méfiance des investisseurs face aux actifs qui se détériorent. Si bien que l’or, actif protecteur et valeur tangible rassurante, a toujours les faveurs des investisseurs avertis face aux affres économiques.
Brand & Content Manager chez Veracash.
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