Les dernières annonces du gouvernement visant à supprimer progressivement les dispositifs d’aide à l’achat de logements neufs viennent renforcer l’écart grandissant qui existait déjà entre la pierre et les métaux précieux, l’or en particulier, en leur qualité de valeurs refuges. L’avantage restant désormais plus que jamais au bénéfice de l’or métal.
Quand on parle de valeur refuge, on évoque un investissement, un placement, perçu comme étant capable de conserver sa valeur, voire de l’augmenter, pendant les périodes de turbulence économique ou financière. Les investisseurs se tournent généralement vers ces actifs lorsque l’incertitude plane sur les marchés traditionnels, à l’instar de ce qui se passe depuis dix-huit mois maintenant en raison de la forte inflation causée par la crise sanitaire, puis par l’attaque de l’Ukraine par la Russie.
Il existe plusieurs valeurs refuges en fonction des circonstances, mais les deux auxquelles on songe systématiquement parce que leur nature ne s’est jamais démentie à travers l’histoire, sont l’immobilier d’une part et l’or d’autre part. Sauf que ces deux actifs ne sont pas égaux, et surtout ne présentent pas les mêmes intérêts ni les mêmes avantages. En réalité, sur un grand nombre de points, l’or reste largement préférable à la pierre.
1. La fiscalité : un premier obstacle pour l’immobilier
L’un des principaux avantages de l’or réside dans sa fiscalité. En effet, l’or n’est pas imposé sur la détention. En revanche, un propriétaire immobilier doit s’acquitter de différentes taxes durant toute la durée de détention du bien. La taxe foncière, notamment, peut être un fardeau financier important, surtout si le bien est situé dans une zone à forte valeur immobilière.
2. L’accessibilité : l’or, une valeur refuge à la portée de tous
L’accessibilité économique de l’or est supérieure à celle de l’immobilier. Alors qu’un investissement immobilier peut nécessiter des dizaines, voire des centaines de milliers d’euros, l’or peut être acheté en petites quantités, à l’once voire au gramme pour quelques centaines d’euros. Cette caractéristique permet aux investisseurs disposant de moins de capital de diversifier leur portefeuille et surtout de bénéficier de la protection d’une valeur refuge sans devoir pour autant mobiliser une somme importante.
3. La liquidité : l’or, roi de la flexibilité
La liquidité est un critère essentiel dans l’évaluation d’un investissement. Et là encore, l’or a une longueur d’avance puisqu’il est plus facilement et plus rapidement convertible en cash que l’immobilier, notamment parce que le métal jaune bénéficie d’une demande constante sur les marchés mondiaux. Mieux encore, cette demande s’accroît très sensiblement en période de crise. Et ces dernières années ont d’ailleurs vu les principaux investisseurs institutionnels (à commencer par les banques centrales) acheter de l’or comme rarement auparavant, en réaction aux différentes turbulences rencontrées par les marchés à l’occasion des crises financières, sanitaires et même géopolitiques qui se sont succédé depuis une dizaine d’années maintenant. À l’inverse, l’immobilier est très peu liquide et un bien peut demander des mois, voire des années pour être vendu dans de bonnes conditions, à plus forte raison lorsque le marché est en baisse, ou en tout cas subit des tensions comme actuellement en raison de la remontée brutale des taux d’intérêt qui limite considérablement l’accès au crédit.
4. La transportabilité : l’or est un actif intrinsèquement mobile
L’or possède un avantage indéniable en termes de transportabilité. Il peut être déplacé facilement et rapidement, ce qui permet à un investisseur de délocaliser ses actifs en fonction de l’évolution des conditions du marché ou des situations politiques. Cette caractéristique n’est pas partagée par l’immobilier, qui est par nature immobile. Il arrive ainsi qu’un bien immobilier voie sa valeur décroître en raison d’une dégradation de la zone d’implantation, qu’il s’agisse de déclin économique ou démographique, de l’installation d’infrastructures occasionnant des nuisances (aéroport, autoroute, usine de recyclage des déchets, élevage intensif, industrie polluante…), de nouvelles règles de conformité, de catastrophes naturelles ou environnementales (inondations, séismes, érosion des sols…), sans parler de la paupérisation de certains quartiers, de la montée de la violence ou de la délinquance, etc. Dans de telles circonstances, il est non seulement impossible de déplacer son bien immobilier vers une zone plus favorable, mais il devient également très difficile de le vendre pour tenter de récupérer le capital investi. Autant de problèmes qui n’existent pas avec l’or.
Écoutez ou réécoutez le dernier Valeur Refuge consacré à l'immobilier
Dans cet épisode, Mathieu Devaux-Sabarros reçoit Benjamin Rosoor, rédacteur en chef du blog l'Or et l'Argent. Les deux hommes reviennent sur la crise qui touche actuellement le secteur de l'immobilier.
5. La fractionnabilité : l’or permet une flexibilité maximale
Au même titre qu’il peut être acheté en quantités variables, l’or peut être vendu par fractions, ce qui offre une grande flexibilité aux investisseurs. Contrairement à l’immobilier, qui doit être vendu en tant qu’unité unique (à moins d’être divisé en plusieurs propriétés distinctes), l’or permet aux investisseurs de liquider partiellement leur investissement selon leurs besoins, sans avoir à vendre l’ensemble de leur position. Ils peuvent ainsi continuer à être investis en métaux précieux tout en libérant ponctuellement du cash pour pallier des difficultés passagères. Les propriétaires de biens immobiliers sont davantage dans une approche de tout ou rien…
6. L’inaltérabilité : l’or est une valeur qui traverse le temps
L’une des principales caractéristiques de l’or réside dans sa nature impérissable. C’est un métal qui ne subit pas de dégradation physique avec le temps, et c’est d’ailleurs ce qui a contribué, et qui contribue encore aujourd’hui, à en faire LA réserve de valeur par excellence. En revanche, l’immobilier se dégrade inéluctablement et nécessite un entretien régulier pour tenter de limiter les effets du temps. Effets qui finiront malgré tout par avoir raison des constructions les plus robustes, comme en témoignent les nombreuses ruines historiques qui parsèment nos territoires, et qui étaient de belles et riches demeures à l’époque où ont été frappées certaines pièces d’or qui nous sont parvenues, quant à elles, quasiment intactes malgré le même nombre d’années, ou de siècles d’existence.
7. La sobriété : en dehors de son achat, l’or ne coûte pratiquement rien
On l’oublie souvent, mais l’achat d’un actif, dût-il être une valeur refuge, n’est que rarement la seule dépense à envisager et il faut souvent aussi compter avec les coûts associés à sa possession. On l’a vu plus haut, l’immobilier est ainsi taxé durant toute la période de détention, à l’inverse de l’or. Il y a aussi l’entretien dont il faut tenir compte lorsqu’on est propriétaire. Cela peut inclure des travaux de rénovation, des réparations, le remplacement d’équipements vétustes, mais aussi des frais de nettoyage, d’assurance, de gestion, voire de chauffage et de climatisation. En outre, dans le cas de l’immobilier locatif, il peut y avoir des périodes de vacance, durant lesquelles le propriétaire ne perçoit pas de loyer mais doit toujours assumer les charges de copropriété par exemple. À l’inverse, la possession d’or ne génère que très peu de charges. Une fois l’or acheté, qu’il s’agisse de lingots ou de pièces, il n’y a généralement pas de frais récurrents à payer, à plus forte raison lorsque les acheteurs choisissent de conserver leur or chez eux. Néanmoins, il existe alors trop de risque de dépréciation (liée à de mauvaises conditions de stockage), ou même tout simplement de vol pour qu’on conseille raisonnablement ce genre de solution. Mieux vaut confier son or à des spécialistes qui le conserveront dans des dépôts sécurisés. Certes, ces professionnels peuvent éventuellement facturer des frais de garde (pas chez VeraCash !), mais ces derniers restent généralement modestes et sont de toute façon largement inférieurs et sans commune mesure avec les coûts de détention d’un bien immobilier.
8. Fongibilité : l’or reste une monnaie d’échange universelle
Enfin, l’or est fongible. Chaque once d’or est interchangeable avec une autre. Cette fongibilité fait de l’or une monnaie d’échange universellement acceptée. L’immobilier, en revanche, est unique en son genre : chaque propriété a des caractéristiques qui la rendent distincte des autres, ce qui peut rendre plus difficile la réalisation de transactions simples et rapides. De la même façon, autant il est aisé d’imaginer échanger un bien contre une certaine quantité d’or (ce qui a d’ailleurs été le cas durant la majeure partie des six derniers millénaires de notre histoire !), autant il semble compliqué d’utiliser un bien immobilier pour « acheter » un autre bien ou pour « payer » un service.
En conclusion, bien que l’or et l’immobilier occupent une place de choix dans le cœur des investisseurs à la recherche de sécurité financière, en raison notamment de leur capacité à préserver la valeur du capital pendant les périodes de turbulence économique ou financière, ces deux actifs sont toutefois loin d’être identiques. Et qu’il s’agisse de risques à moyen et long terme, de coûts de gestion ou encore de contraintes liées à leur seule possession, l’or conserve d’indéniables avantages par rapport à l’immobilier.
MàJ Vendredi 28 Juillet 2023
Pendant ce temps, le marché des SCPI victime à son tour de la crise immobilière
La décision des hausses successives des taux directeurs du côté des banques centrales rend de plus en plus difficile l’accès à l’emprunt pour les particuliers. En effet, le nombre de prêts immobiliers octroyés par les banques a considérablement fondu ces derniers mois alors que les prix sur le marché sont plutôt stagnants.
La conséquence, on l’observe sur les fonds papier de l’immo qui chutent à l’instar de ceux proposés par Amundi ou BNP Paribas. Et même si la collecte des loyers ne semble pas faillir, c’est bien la valeur des parts qui se déprécie : Entre 12 et 17% de perte rien que sur la journée de lundi 24 juillet.
Le blog l’Or et l’Argent vous en dit plus dans ce nouvel article.
MàJ Lundi 9 Octobre 2023
Octobre 2023 : de nouvelles baisses chez certains acteurs immobiliers
Alors que le gouvernement hésite à revoir le calendrier d’interdictions autour des « passoires thermiques » pour donner plus de respiration au marché locatif et en même temps mettre fin aux aides de défiscalisation PINEL qui booste la construction, le secteur de l’immobilier continue sa crise.
Sur octobre 2023, les baisses enregistrées sur les actifs en SCPI vont de 8 à 14%. Le principal acteur touché est AEW Patrimoine qui gère pour le compte de ses clients plus de 8,5 milliards d’euros d’actifs.
Auteur et consultant depuis plus de vingt ans dans le domaine de la communication stratégique, il a plusieurs fois travaillé pour le compte d'entreprises financières dont il décrypte aujourd'hui les coulisses et les mécanismes économiques de base à l'intention du plus grand nombre.
Bonjour,
En effet, il faut diversifier son portefeuille et c’est exactement ce que je fais. Surtout sur des actifs ou valeurs dites refuge.
Mon objectif étant de transmettre plutôt que de gagner de l’argent a court terme.
Merci et excusez moi si je n’étais pas clair dés le début. Je ne relis pas mes post et je devrais.
Je débute dans ce domaine et avoir une analyse du marché venant de professionnel est un atout indéniable.
Merci?
Juste pour préciser, je comprends mieux quand vous dîtes que mon analyse est contraire à ce que montre la réalité. Dans mon premier post, j’ai voulu poser une question quand je disais qu’il fallait mieux investir dans l’immobilier que dans l’or. C’était une interrogation a laquelle j’attendais votre point de vue et non une affirmation ou prise de position.
Merci pour votre éclairage.
Dans ce cas, j’espère avoir répondu à votre question. Et je vous remercie d’avoir ouvert le débat afin que nous complétions ensemble, par nos échanges, la réflexion sur la « meilleure » valeur refuge.
Vous voyez désormais que la réponse n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît et que cela dépend à la fois du contexte, du moment, des objectifs, etc. Actuellement, l’or s’inscrit dans une dynamique haussière tandis que l’immobilier amorce une phase baissière qui s’annonce potentiellement longue et difficile pour les investisseurs. En théorie, l’or est donc en ce moment plus attractif, mais c’est à chacun ensuite de se déterminer en fonction de ses intérêts et de ses attentes. Sachant que, de toute manière, ce qui est en bas finit toujours par remonter. Quand à ce qui est en haut, comme dit l’adage, « les arbres ne montent pas jusqu’au ciel »…
Bonne continuation.
Bonjour,
Je ne faisais aucune analyse. Je ne démontre rien. Mais comme vous mettez en avant l’or avec vos différents arguments, on se dit naturellement qu’il est plus intéressant de se pencher vers cet actif plutôt que l’immobilier. Est ce que l’investissement a long terme de ces deux actifs est pas justement la solution la plus équilibré?
Bonjour,
C’est toujours une excellente chose de s’interroger sur ce qu’on lit. Et c’est très agréable pour celui qui écrit de voir qu’il suscite des questions supplémentaires, car cela démontre qu’il a réussi à emmener ses lecteurs sur le chemin de la réflexion.
Quand je parlais d’analyse, j’évoquais simplement le fait que vous sembliez « comprendre entre les lignes », et donc que vos réflexions débouchaient sur une certaine conclusion. Non pas que j’estime les miennes meilleures que les vôtres, mais c’est juste que je préférais m’assurer que je ne vous avais pas induit en erreur avec une présentation des faits erronée ou incomplète.
Enfin, pour aller dans le sens de votre dernière remarque, l’investissement au sens large est en effet bien plus efficace lorsqu’on diversifie ses actifs. Et posséder en même temps de l’immobilier et de l’or permet effectivement de faire face à tous les cas de figure d’évolution des marchés à long terme.
Bonjour,
Il faut comprendre entre les lignes, que si on a un capital a investir, il serait plus judicieux aujourd’hui,de le faire dans l’immobilier que dans l’or. L’or étant a son plus haut et l’immobilier a son plus bas et pour un moment.
Bonjour,
Vous restez bien évidemment libre d’acheter et de vendre ce que vous voulez, quand vous le voulez. Il ne nous appartient pas de vous donner des conseils d’investissement ou de placement. Ce n’est pas notre rôle. Toutefois, permettez-moi de rectifier les éléments qui semblent orienter votre choix. Je ne voudrais pas que vous ayez mal compris, non seulement ce que j’ai écris, mais également ce que vous avez cru déceler entre mes lignes.
Sans revenir sur le contenu de cet article, s’il est vrai que le marché de l’immobilier est en baisse, il est loin d’être à son plus bas. La baisse n’est qu’à peine amorcée et les spécialistes tablent sur une tendance qui devrait se prolonger sur 3 à 10 ans suivant leur niveau d’optimisme (ou de pessimisme, c’est comme vous voulez). Une situation durable en raison des faillites de plus en plus fréquentes dans les domaines de la promotion immobilière et de la construction, mais aussi de la perte durable de pouvoir d’achat des emprunteurs, lesquels sont pénalisés en outre par les politiques de crédit bancaire de plus en plus restrictives et coûteuses.
Quant à l’or, même s’il n’a quasiment jamais été aussi haut, son cours est encore très loin d’avoir atteint son sommet. D’ailleurs, le World Gold Council prévoit une croissance régulière pour les 5 ans à venir (avec des hauts et des bas, évidemment) qui devrait nous amener autour de $2400 à $2500 l’once.
Par conséquent, faites ce qui vous semble le plus judicieux en fonction de votre appréciation de la situation, mais sachez que votre analyse de la situation est malheureusement contraire à ce que montre la réalité.
Je vous souhaite toute la réussite possible. Merci de votre contribution.
Bonjour,
Etude très intéressante, je suis moi-même client de Veracash.
Vous oubliez juste deux choses :
1. l’immobilier et l’or sont sensibles de la même façon
aux taux et à l’inflation ce sont bien des réserves de valeurs.
2. Par contre l’immobilier génère des loyers ce qui malgré les taxes et charges
fait vraiment une différence dont vous ne parlez pas.
Cordialement,
Xavier CLEMENT
Bonjour Xavier,
Et merci pour vos précisions. En effet, comme vous le dites parfaitement, l’immobilier locatif génère (par définition !) des loyers. Et c’est en effet un avantage indéniable que j’ai omis de préciser. Toutefois, la pierre était abordée ici de manière globale, pour son rôle avant tout patrimonial : on protège son capital des fluctuations économiques en le convertissant en bien tangible et durable destiné, pourquoi pas, à être revendu plus tard avec une plus-value, ou encore transmis aux générations futures.
Quant à la sensibilité à l’inflation ou aux taux d’intérêt, je serai un peu plus nuancé, car les mécanismes de régulation actuels impliquent une action des banques centrales qui ne peuvent alors qu’augmenter les taux directeurs, lesquels vont conditionner l’offre de crédit proposée aux accédants à la propriété. On le voit déjà en ce moment, après un peu moins de deux ans de retour de l’inflation, le marché immobilier souffre de cette situation :
– les promoteurs peinent à financer leurs chantiers qui, donc, se raréfient ;
– les emprunteurs sont de moins en moins nombreux à satisfaire aux exigences réglementaires de taux d’endettement et 60 % des dossiers de prêt (dont les 3/4 concernent l’acquisition de la résidence principale) sont désormais refusés par les banques ;
– quant aux banques, justement, elles freinent actuellement des quatre fers pour accorder des crédits qui ne leur rapportent plus assez de marge ; sans oublier qu’elles savent que les taux vont encore monter et qu’un prêt accordé aujourd’hui leur rapportera moins qu’un prêt accordé dans 6 mois (selon l’Observatoire Crédit Logement, on constate actuellement une chute de la production de crédit immobilier à des niveaux que l’on n’avait pas connus depuis 2009, juste après la crise des subprimes !)
Finalement, bien que l’inflation perdure et que l’or reste à des niveaux proches de ses records, l’immobilier quant à lui commence déjà à souffrir de cette situation. Ce marché présentant une certaine marge d’inertie comprise entre 6 mois et un an, du fait de sa nature et des délais opérationnels de chaque projet, on ne voit aujourd’hui que les effets des mesures prises au dernier trimestre 2022, lorsque les taux d’emprunt commençaient à flirter avec les 2%. Aujourd’hui, les taux sont deux fois plus élevés. Autant dire que la fin de l’année s’annonce difficile. Les notaires ont d’ore et déjà noté une baisse de 20% du nombre de transactions dans l’ancien depuis 2022.
N’oublions pas que l’inflation affecte aussi le pouvoir d’achat des particuliers, rajoutant une contrainte face à l’achat d’un bien immobilier qui se traduit généralement par une charge de remboursement qui n’entre plus dans le budget mensuel, indépendamment des règles prudentielles ou de reste à vivre exigées par les banques. Pour les mêmes raisons, certains propriétaires envisagent de réduire leurs charges en vendant leur bien pour en acheter un plus petit, moins cher, plus éloigné des centres urbains… voire pour (re)devenir locataire. De plus en plus de biens immobiliers se retrouvent donc sur le marché, en grande partie à cause du poids de l’inflation sur le pouvoir d’achat des ménages, ce qui fait grossir une offre qui ne trouve plus de demande suffisante en face. Inévitablement, les prix ne peuvent alors que baisser.
Pire encore, la hausse des taux d’intérêt et l’inflation étant en train de casser littéralement la demande, beaucoup d’entreprises du bâtiment, de promoteurs immobiliers et d’une manière générale la plupart des professionnels du secteur sont en train de réduire la voilure pour, eux aussi, faire des économies. On nous annonce une poursuite de l’inflation, et donc des mesures de resserrement monétaire de la part de la BCE jusqu’à fin 2024 au moins. La tendance est donc durable et le marché de l’immobilier va immanquablement en pâtir, avec comme premier effet une baisse des prix (traduisez une baisse de la valeur du capital investi). Mais lorsque l’inflation sera revenue à des taux jugés comme acceptable par la BCE, que les revenus des particuliers auront fini par rattraper la hausse du coût de la vie et que les taux entameront une décrue bienvenue, il faudra encore pas mal de temps pour que les professionnels du secteur se remettent en ordre de bataille pour faire repartir le marché immobilier (rappelez-vous l’inertie que j’évoquais plus haut). Certains parlent d’un « creux » de 5 ans avant un retour à la normale. Et ce sont les plus optimistes.
Entretemps, sauf nouvelle crise favorable à l’immobilier (oui, oui, je parle bien de crise, comme le fut par exemple la pandémie de Covid-19), il est peu probable que la pierre retrouve rapidement des couleurs et affiche de nouveau une progression positive à long terme.