Vous allez finaliser un achat, et là, une option s’affiche : un paiement en trois ou quatre fois ! Payer en plusieurs échéances pour échelonner les dépenses : l’idée a de quoi séduire. De plus en plus d’enseignes, magasins physiques comme sites marchands, proposent à leurs clients de fractionner les paiements. En quoi consiste ce mode de financement, et pourquoi est-il devenu aussi fréquent ? Est-ce un crédit ? Veracash vous dit tout sur le paiement fractionné, sur ses avantages… et ses limites.
Dis Jamy, c’est quoi le paiement fractionné ?
Paiement fractionné, remboursement différé… Ces offres de financement répondent au même principe : « acheter maintenant, payer plus tard ». Ou « buy now, pay later » (BNPL) en anglais.
Acheter maintenant, payer plus tard : comment ça marche ?
Ce type de financement permet de diviser en plusieurs échéances le montant de votre achat. Au moment de sélectionner le mode de paiement, plusieurs solutions peuvent être proposées, en fonction des partenaires financiers de l’enseigne : Klarna, Alma, Scalapay, Paypal…
Dans la majorité des cas, une première échéance est prélevée le jour de l’achat, puis les suivantes une fois par mois, jusqu’à ce que le montant total de votre achat soit réglé. Selon les offres, des frais s’appliquent ou non pour chaque mensualité.
Ainsi, pour un panier de 300 euros et une offre de paiement en trois fois sans frais, vous réglez une première échéance de 100 euros le jour de l’achat. Les deux mensualités suivantes sont prélevées à + 30 jours et à + 60 jours.
Une option de paiement simple pour le client
Pour un achat en ligne, quelques clics suffisent. Il faut d’abord sélectionner la carte de paiement sur laquelle seront débitées les échéances et de s’engager à rembourser le montant total de l’opération. Le tout, sans quitter le site du commerçant : la solution du prestataire financier est directement intégrée à la plateforme de vente. Il n’y a pas de justificatif à fournir, ni de dossier à compléter. Dans la majorité des cas, l’autorisation de paiement est délivrée par SMS ou par e-mail. Le prestataire vous informe du prélèvement effectué, tout comme il vous préviendra des échéances à venir.
Ce mode de financement peut aussi être proposé en magasin physique. Pour cela, l’enseigne confie l’échelonnement à un prestataire financier. Lors de l’achat, vous renseignez des informations sur la carte de paiement à débiter, et le complément est prélevé par la suite par le prestataire.
Qui paie les frais d’un paiement en plusieurs échéances ?
Ce type de financement peut être proposé avec ou sans frais : tout dépend de la politique de paiement de la marque !
- Dans le cas d’un paiement sans frais, vous payez uniquement la somme qui correspond à l’achat initial, sans intérêts. Les frais sont alors assumés par l’enseigne : une manière de proposer un avantage afin de fidéliser ses clients.
- Lorsque des frais s’appliquent, ils correspondent à des frais de dossier ou aux intérêts appliqués par l’organisme de prêt. Ils s’ajoutent au montant qu’il vous faudra rembourser en plus de la somme initiale. Le TAEG (taux annuel effectif global) permet de calculer le coût exact de l’opération. Cela fait partie des informations importantes à vérifier au moment d’un achat en plusieurs échéances.
Le paiement en plusieurs fois : est-ce un crédit ou non ?
Le paiement en plusieurs fois n’est pas toujours un crédit. Tout dépend de la durée ainsi que du montant du financement. En France, l’article L312-4 du Code de la consommation fait référence.
- Le délai de remboursement ne dépasse pas 3 mois, ou le montant du financement est inférieur à 200 euros : il s’agit d’une facilité de paiement, et non d’un crédit. Pour ce type de financement, l’organisme prêteur n’a pas d’obligation à vérifier votre taux d’endettement. C’est ce qui explique que le financement soit aussi simple. Un paiement en deux, trois ou quatre fois entre dans ce cadre.
- Le délai de remboursement dépasse 3 mois (pour un montant de plus de 200 euros) : c’est un crédit. Le prestataire financier est dans l’obligation de respecter des règles : vérifier votre taux d’endettement, ne pas dépasser un taux (TAEG) d’intérêt maximal légal… C’est le cas pour un paiement en 5 mensualités ou plus.
Bon à savoir : Quel est le taux d’intérêt maximal légal applicable en France ?
Retrouvez notre article sur le taux d’usure.
Comment le paiement en trois ou quatre fois est devenu incontournable
Le recours à ce type de financement est aussi révélateur du contexte économique et d’une évolution des comportements.
Une attente forte des consommateurs dans un contexte d’inflation
Ce type de paiement présente des avantages : échelonner un paiement pour faciliter la gestion d’un budget mensuel, lisser une grosse dépense… C’est aussi un moyen de s’offrir des articles de meilleure qualité. Parfois dans une approche plus durable : des chaussures de marque que vous garderez plusieurs saisons par exemple. Et comme ce financement facilite l’accès à des services plus coûteux, le secteur du voyage s’y est mis. Ainsi, depuis août 2023, vous pouvez régler vos billets de train en plusieurs échéances avec la SNCF.
Une évolution technique qui devient la norme en e-commerce
Le développement de nouvelles API (interface de programmation d’application) facilite l’intégration de ces solutions tierces sur les sites de e-commerce. Le parcours reste fluide jusqu’au paiement, si bien que le recours au financement se fait naturellement pour le client. Entre 2020 (dans un contexte de confinement et de fort développement de l’achat en ligne) et 2022, le BNPL a vu son nombre d’utilisateurs quadrupler en France, selon une étude Kantar. Sur la seule année 2022, 42 % des Français qui ont acheté en ligne y ont eu recours, estime la FEVAD (Fédération du e-commerce et de la vente à distance) dans son dernier rapport.
Cette même période a vu l’arrivée de nouveaux acteurs de la fintech, comme Alma, Klarna ou Scalapay. Leurs offres se sont ajoutées à celles d’établissements comme Cofidis ou Oney, qui proposaient plutôt jusque-là des financements liés à un crédit renouvelable ou avec des frais bancaires supplémentaires.
Un changement des habitudes : place à l’économie de l’accès
L’échelonnement des paiements est aussi, selon les économistes, la preuve que les consommateurs se tournent de plus en plus vers une économie d’accès. Selon l’économiste américain Jeremy Rifkin, la conception des biens matériels évolue : un article devient petit à petit le support d’une relation sur le long terme entre un prestataire et un utilisateur. Déjà habitués à profiter de produits et services payés au mois (un téléphone en leasing, un abonnement vidéo…), les particuliers s’approprient de nouveaux modèles de consommation. Les achats deviennent ainsi une dépense mensualisée supplémentaire, même lorsqu’il s’agit d’achats impulsifs.
Acheter maintenant, se payer des problèmes plus tard : les limites du différé
Le paiement en plusieurs fois est facilement accessible, mais il n’est pas sans risques pour le consommateur.
Un endettement qui dépasse vos capacités de remboursement
Comme les prestataires ne vérifient pas votre situation financière, il peut être tentant de multiplier les dépenses. Et sur le budget, les mensualités s’additionnent vite : cela peut vous conduire à des difficultés de remboursement. La prudence reste donc de mise pour éviter toute situation de surendettement.
Des taux d’intérêt élevés sur les pénalités de retard
Comme souvent, les petites lignes sont importantes. En cas d’impayé, c’est-à-dire lorsqu’une ou plusieurs échéances ne sont pas honorées, vous prenez le risque de devoir régler des frais : pénalités de retard, indemnités forfaitaires ou encore frais de recouvrement. Ils s’ajoutent à la facture finale. N’hésitez pas à vous renseigner sur les conditions et le coût exact de chaque offre avant d’y souscrire.
Ce qu’il faut retenir :
- Payer un achat en 2, 3 ou 4 fois : c’est le principe du paiement fractionné, qui se démocratise de plus en plus depuis 2020. Et aussi bien pour un achat en ligne que directement en magasin.
- Les raisons du succès ? Un accès simplifié pour les particuliers, notamment lorsque la durée ne dépasse pas 3 mois, et de plus en plus de prestataires proposent ces offres de financement.
- Ces facilités de paiement sont aussi révélatrices d’une évolution dans les habitudes de consommation, et d’une volonté de lisser les dépenses pour maîtriser son budget.
- Même si un paiement en deux, trois ou quatre fois maximum ne constitue pas un crédit, il est recommandé de rester prudent pour éviter tout risque de surendettement.
Brand & Content Manager chez Veracash.
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