Article mis à jour le 8 avril 2025
Principaux indicateurs américains (valeurs arrêtées au 04/04/2025)
- Taux d’intérêt de la Réserve fédérale (Fed) : 4.5%
- 219 000 inscriptions hebdomadaires au chômage, en baisse ↘︎
- Inflation américaine sur 12 mois : 2.8 % en baisse ↘︎
- Confiance des consommateurs US (indice Michigan) : 57 en forte baisse ↘︎
- Valeur du Dow Jones : 38315 en chute ↘︎
- Valeur du S&P 500 : 5074.08 en chute ↘︎
Principaux indicateurs européens (valeurs arrêtées au 04/04/2025)
- Taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) : 2.75 %
- Taux d’inflation moyen pour la zone euro : 2.2 % en baisse ↘︎
- Taux de chômage pour la zone euro : 6.1 % en baisse ↘︎
- Confiance des consommateurs et des entreprises zone euro : -14.5
- Production industrielle de la zone euro : 0 %
- EUR/USD : 1.095 en forte hausse ↗︎
Lundi noir sur les marchés asiatiques et européens
Ce lundi 7 avril, les marchés ont toussé très fort. Les principales bourses européennes ont fini entre 4 et 5% de perte quand celles de Tokyo et Hong-Kong ont perdu respectivement 8% et 13% (la pire séance de son histoire depuis 1997). Si les bourses américaines s’en sont mieux sorties hier, le S&P500 et le Nasdaq avaient tout de même perdu 10% chacun la semaine dernière. Et l’indice VIX, surnommé « l’indice de la peur », a retrouvé ses niveaux de mars 2020, en atteignant un pic à 52,16 hier.
Évolution du cours de l’or
Alors que le cours de l’or avait retrouvé des sommets dans le courant du mois de mars, l’entrée en vigueur des droits de douane imposés par l’administration Trump a été suivie d’une baisse immédiate de l’once d’or, tombant en-dessous de 2750 euros, effaçant ainsi plusieurs semaines de progression régulière.
Néanmoins, il est très probable que ce mouvement baissier soit purement technique et ne remette pas en question la tendance haussière du cours de l’or.
Repli marqué de l’or en euros : correction technique ou simple respiration ?
Après plusieurs semaines de progression quasi ininterrompue, le cours de l’or en euros a subi un net repli au cours de la semaine écoulée, passant de 2 905 € à un plancher de 2 743 € l’once avant de se redresser partiellement. En l’espace de quelques séances, ce sont plus de 160 euros qui ont été effacés, soit une baisse de 5,6 %, plus marquée qu’en dollars, où la correction s’est limitée à environ 4,4 %.
Ce décrochage ne remet toutefois pas en cause la dynamique haussière de long terme. Il s’apparente avant tout à une correction technique attendue, amplifiée par le contexte géopolitique et économique du moment, et notamment par la mise en œuvre effective des droits de douane imposés par les États-Unis.
Tarifs douaniers : catalyseur d’une prise de bénéfices européenne
Pour rappel, le 2 avril, le président américain Donald Trump a mis à exécution une série de mesures protectionnistes, imposant notamment 25 % de droits de douane sur plusieurs produits européens, et confirmant d’autres hausses à venir. Ces décisions, perçues comme un tournant agressif dans la politique commerciale américaine, ont provoqué une vague d’inquiétude sur les marchés, mais ont surtout servi de détonateur pour des prises de bénéfices sur l’or.
En effet, l’or en euros affichait une performance exceptionnelle de près de +35 % sur un an, incitant de nombreux investisseurs à sécuriser leurs gains, notamment en Europe où la perception d’une « punition tarifaire » directe a entraîné une vague de vente plus forte qu’ailleurs. Cette tendance s’est accentuée à la suite du franchissement de certains seuils techniques, renforçant mécaniquement la pression à la baisse.
Une correction qui ne change pas les fondamentaux
Cette baisse reste toutefois circonscrite à une phase de consolidation et n’altère en rien les moteurs structurels qui soutiennent la demande d’or :
- Les tensions géopolitiques (Ukraine, Proche-Orient, rivalités commerciales) demeurent élevées.
- Les banques centrales, notamment en Chine, en Pologne ou en Turquie, continuent d’accumuler massivement de l’or pour diversifier leurs réserves.
- La dégradation des finances publiques dans de nombreuses économies développées (déficits budgétaires en hausse, dette publique record) renforce l’attrait du métal jaune.
- Enfin, la confiance des consommateurs, notamment aux États-Unis, est au plus bas depuis plus de trois ans, dans un climat de forte incertitude politique.
À ces éléments s’ajoute une anticipation croissante d’assouplissement monétaire : la Fed a récemment revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2025 (1,7 % contre 2,1 %), mais n’a pas abaissé ses taux, laissant planer un doute sur sa trajectoire à moyen terme. Cela crée un environnement où les actifs refuges comme l’or conservent un rôle central.
Quelle suite pour le cours de l’or ?
Les analystes de Goldman Sachs tablent sur une reprise vers 3 100 à 3 200 $ l’once dans les prochaines semaines, avec des cibles à 3 500 $ l’once en cas de nouvelle escalade géopolitique ou économique. Du côté européen, la zone des 2 800 €, voire 2 900 € l’once pourrait rapidement être retrouvée, si les tensions se maintiennent et si les investisseurs institutionnels continuent de renforcer leurs positions.
À noter que plusieurs pays ont annoncé une hausse significative de leurs dépenses publiques, en lien plus ou moins direct avec leur politique de défense et d’armement face à la menace d’extension du conflit Russo-ukrainien. Une situation “d’économie de guerre” qui vient renforcer un certain sentiment d’insécurité favorable aux valeurs refuges.
Autrement dit, la baisse de cette semaine semble plus être un répit qu’un retournement, et pourrait même constituer une opportunité pour les acheteurs de long terme. La tendance reste haussière à moyen terme, alimentée par des fondamentaux solides et une volatilité globale qui ne montre aucun signe d’apaisement.
Auteur et consultant depuis plus de vingt ans dans le domaine de la communication stratégique, il a plusieurs fois travaillé pour le compte d'entreprises financières dont il décrypte aujourd'hui les coulisses et les mécanismes économiques de base à l'intention du plus grand nombre.