Bernard Arnault, Elon Musk, Jeff Bezos… on est tous habitués à lire ces noms chaque fois qu’on évoque les milliardaires de ce monde. Pourtant, ce que l’on sait moins, c’est qu’une grande partie de leur richesse est virtuelle, composée principalement d’actions… dans leurs propres sociétés.

Néanmoins, à côté de ces milliardaires plus ou moins fabriqués par les marchés financiers, on trouve d’autres gens très riches, et même souvent milliardaires eux-aussi, qui ont compris que la détention d’actifs physiques constituait une formidable garantie contre l’effondrement des marchés, justement, ou encore face aux grandes crises économiques et géopolitiques qui secouent régulièrement le monde. Et parmi les produits d’investissement tangibles privilégiés, l’or apparaît en très bonne place.

Évidemment, contrairement aux actions dont les volumes et les cours sont publics, la détention d’or à titre privé peut être assez opaque, a fortiori chez les individus les plus fortunés qui préfèrent souvent ne pas divulguer précisément le détail de leurs actifs en or. Et ce, davantage pour des raisons de sécurité et de confidentialité que pour de banales questions de fiscalité, dont ils savent de toute façon optimiser les effets.

Quel est le profil de ces milliardaires fervents défenseurs de l’or ?

Je l’ai déjà plus ou moins laissé deviner au début de cet article, ne vous attendez pas à trouver des Elon Musk, des Mark Zuckerberg, des Bill Gates ou des Jeff Bezos dans la liste des plus gros détenteurs d’or de la planète. Il est possible que leurs énormes portefeuilles contiennent une ou deux lignes en lien avec l’or et les métaux précieux, le plus souvent par l’intermédiaire de fonds ou d’entreprises minières, mais leurs patrimoines sont principalement composés de valeurs financières.

En revanche, on sait que certaines familles royales, notamment d’Arabie Saoudite et des autres États du Golfe, sont réputées pour détenir de grandes quantités d’or physique. Certes, leurs réserves sont souvent utilisées comme partie intégrante de la richesse nationale, mais elles restent généralement considérées comme des possessions privées. Idem pour quelques propriétaires de grosses entreprises de bijouterie en Inde et en Chine qui possèdent également de grandes quantités d’or, tant pour les besoins de leur activité que comme investissement personnel.

Enfin, il existe aussi des collectionneurs privés qui accumulent de l’or sous diverses formes, y compris des pièces, des lingots ou encore des œuvres d’art, en grande partie parce qu’ils avouent eux-mêmes être tombés sous le charme millénaire du noble métal. On peut ainsi évoquer le cas de James Stunt, connu autant pour ses goûts de luxe que pour ses déboires judiciaires — il a notamment été impliqué dans des controverses liées à la provenance douteuses de certains de ses objets de collection —, qui a amassé une grande quantité d’or sous forme de pièces de monnaie très rares, mais aussi de lingots originaux, valorisant ces actifs non seulement pour leur valeur financière, mais aussi pour leur esthétique et leur histoire.

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Des investisseurs qui ont compris l’importance économique de l’or

Ceci étant dit, ceux qui nous intéressent tout particulièrement, ce sont ces grands investisseurs qui ont su marquer leur époque, ou faire fortune dans les secteurs traditionnels, mais qui n’ont pas pour autant délaissé l’or et les métaux précieux dans leur stratégie d’enrichissement. Bien au contraire.

Voici donc une série de brefs portraits d’hommes et de femmes qui, en 2024, continuent à considérer que l’or est un actif essentiel dans un portefeuille de valeurs.

Eric Sprott est un investisseur canadien renommé, particulièrement célèbre pour ses investissements substantiels dans les métaux précieux, notamment l’or et l’argent. Né en 1944, Sprott a accumulé une fortune significative grâce à son expertise dans les investissements en ressources naturelles, et plus spécifiquement en métaux précieux.

En 2024, il annonce une fortune personnelle d’1,1 milliard USD, mais les sources officielles restent floues à ce sujet. On peut d’ailleurs noter qu’il n’apparaît plus dans le classement des milliardaires établi par Forbes.

Quoi qu’il en soit, Eric Sprott a débuté sa carrière en tant qu’analyste chez Merrill Lynch avant de créer sa propre entreprise, Sprott Securities, en 1981, qui est rapidement devenue l’une des principales maisons de courtage et de gestion de fonds au Canada, se concentrant sur les investissements dans les métaux précieux et les ressources naturelles. En 2010, Sprott a lancé Sprott Physical Gold Trust, un fonds de placement en or physique qui a attiré des milliards de dollars d’investissements.

Eric Sprott est donc connu pour ses investissements massifs dans l’or. Il possède à titre personnel une quantité significative d’or physique (d’une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars déclarés) et a également investi dans de nombreuses sociétés minières d’or.

Farouche défenseur de l’or en qualité de valeur refuge en période de crise économique (ce qui n’est pas forcément une découverte), Sprott a souvent exprimé sa conviction selon laquelle l’or protège contre la dévaluation des monnaies et l’instabilité financière mondiale.

Il a ainsi déclaré :
« Je crois que l’or et l’argent sont des investissements essentiels pour quiconque cherche à se protéger contre les dévaluations monétaires et les incertitudes économiques. »

En dépit du flou concernant sa fortune, Eric Sprott reste un acteur majeur dans le domaine des investissements en métaux précieux. Sa stratégie d’investissement basée sur l’or et l’argent lui a non seulement permis d’amasser une grande fortune, mais a également consolidé sa réputation en tant qu’expert puisqu’il n’hésite pas à appliquer « massivement » ses propres principes avec un certain succès.

Né le 21 mai 1957 à New York, Seth Klarman est un investisseur et gestionnaire de fonds spéculatifs américain réputé visionnaire mais prudent. Il est le fondateur de Baupost Group, l’un des plus grands et des plus performants fonds spéculatifs au monde. En 2024, sa fortune personnelle est estimée à environ 1,5 milliard USD.

Klarman est également l’auteur de « Margin of Safety« , un livre devenu culte parmi les investisseurs pour ses conseils sur la gestion des risques et l’investissement dans la valeur.

Il a régulièrement investi dans l’or et les sociétés minières aurifères à travers Baupost Group, car il considère le métal précieux constitue une couverture essentielle contre les incertitudes économiques et les fluctuations du marché

« L’or est un actif tangible qui conserve sa valeur intrinsèque, indépendamment des politiques économiques et des crises financières. »

Parfois critiqué pour son approche un peu trop prudente, notamment en périodes de marché haussier, Klarman a cependant influencé de nombreux gestionnaires de fonds et d’investisseurs particuliers. Sa capacité à naviguer sur les marchés avec une approche conservatrice tout en générant des rendements solides est largement respectée. L’or n’est pas étranger à la grande stabilité de son portefeuille, et ses résultats à long terme parlent d’eux-mêmes, confirmant l’efficacité de sa stratégie.

Jeffrey Gundlach, né le 30 octobre 1959 à Amherst, New York, est, lui aussi, un investisseur et gestionnaire de fonds spéculatifs américain. Fondateur de DoubleLine Capital, il est reconnu pour ses prévisions économiques précises et ses stratégies d’investissement innovantes. En 2024, sa fortune personnelle est estimée à environ 2,2 milliards USD.

Bien que Gundlach soit principalement connu pour ses investissements dans les obligations (on le surnomme même le « roi des obligations »), il a régulièrement recommandé l’or comme une composante essentielle d’un portefeuille diversifié. En 2016, il avait publiquement déclaré que l’or représentait environ 10% de ses investissements personnels.

Pour lui, l’or constitue LA protection contre l’inflation et les fluctuations économiques. Il a souvent souligné que dans un environnement économique incertain, l’or agit comme un actif sûr qu’il faut absolument détenir pour sécuriser son patrimoine, notamment contre les politiques monétaires qu’il juge souvent de façon très critique.

Il a d’ailleurs déclaré :
« L’or est l’une des rares devises qui n’est pas manipulée par la politique des banques centrales. »

Sans surprise, Gundlach a souvent été au centre de débats pour ses critiques virulentes de la Réserve fédérale. Ses prises de position parfois controversées n’ont toutefois pas diminué son influence sur les marchés et sa parole reste très respectée dans la communauté financière, renforçant la crédibilité de l’or comme actif stratégique dans des portefeuilles diversifiés.

Né le 8 juin 1945, Nicky Oppenheimer est un magnat des affaires sud-africain, surtout connu pour son influence prépondérante dans l’industrie des diamants. Héritier de la fortune Oppenheimer, il a longtemps été à la tête de De Beers, la plus grande entreprise de diamants au monde. En 2024, sa fortune est estimée à 9,2 milliards USD, faisant de lui l’un des hommes les plus riches d’Afrique.

Pourtant, bien que son nom soit principalement associé aux diamants, Nicky Oppenheimer a également investi massivement dans l’or, diversifiant ainsi son portefeuille d’actifs.

Les informations spécifiques sur la quantité d’or qu’il détient ne sont pas toujours détaillées publiquement. Cependant, sa participation dans des entreprises minières et des fonds d’investissement qui incluent des actifs en or est bien documentée. Par exemple, il a des intérêts dans l’Anglo American Corporation, une des plus grandes compagnies minières du monde qui possède et exploite plusieurs mines d’or à travers le monde, notamment en Afrique du Sud, en Amérique Latine et en Australie.

Lors d’une conférence sur l’industrie minière en 2010, il a déclaré :
« L’or a toujours été un actif de confiance, particulièrement en temps de crise. Investir dans les ressources naturelles, qu’il s’agisse de diamants ou d’or, offre une sécurité et une croissance à long terme. Ces actifs sont des réserves de valeur éprouvées.« 

Cette approche n’est pas surprenante venant d’un homme qui a passé sa vie à gérer et à investir dans des ressources naturelles précieuses. En intégrant l’or dans son portefeuille, Oppenheimer continue simplement de renforcer sa position financière face aux fluctuations économiques mondiales.

Ray Dalio est né le 8 août 1949 à New York. Et il a fondé Bridgewater Associates, le plus grand fonds de couverture au monde. Rien que ça.

En 2024, sa fortune personnelle est estimée à environ 19,1 milliards USD.

Forcément, quand on est à la tête du plus grand fonds spéculatif au monde, gérant plus de 160 milliards USD d’actifs, les gens ont tendance à nous écouter. À plus forte raison lorsqu’on parle de principes de gestion innovants et qu’on écrit plusieurs ouvrages à succès sur l’économie mondiale, dont « Principles: Life & Work » et « Principles for Navigating Big Debt Crises« .

Quoi qu’il en soit, Diallo détient à travers son fonds une part significative de ses actifs en or, souvent par le biais de fonds négociés en bourse comme le SPDR Gold Trust, ou encore d’investissements dans des sociétés minières. Les investissements de Dalio en or sont ainsi estimés à plusieurs milliards de dollars.

Cela ne surprendra personne d’apprendre que Ray Dalio voit lui aussi l’or comme une couverture essentielle contre les risques économiques et politiques. Il prône plus particulièrement une diversification qui inclut des actifs réels et tangibles (et l’or en particulier) pour protéger les portefeuilles contre l’inflation et la dévaluation monétaire.

Il a souvent déclaré :
« Si vous ne possédez pas d’or, vous ne connaissez ni l’histoire ni l’économie.« 

La stratégie d’investissement de Dalio, qui valorise l’or de manière importante, a influencé de nombreux investisseurs institutionnels et particuliers. Certes, son attrait pour les actifs tangibles est sans doute un peu influencé par sa vision pessimiste de l’économie mondiale et ses prédictions de crises financières imminentes. Néanmoins, ses investissements stratégiques dans l’or ont prouvé leur efficacité.

Germán Larrea Mota Velasco, né le 8 juillet 1941, est l’une des figures les plus influentes de l’industrie minière au Mexique et en Amérique latine. Avec une fortune personnelle estimée à 26.6 milliards USD en 2024, Larrea se classe parmi les milliardaires les plus puissants de la planète.

À la tête du Grupo México, il a transformé cette entreprise en l’un des plus grands producteurs de cuivre au monde, mais il a surtout diversifié ses activités dans d’autres secteurs miniers, en particulier dans l’extraction d’or. Grupo México possède ainsi des mines d’or au Mexique et au Pérou, ce qui constitue une part non négligeable de ses revenus.

Bien que les quantités exactes d’or possédées par Larrea via Grupo México ne soient pas publiques, on sait que l’entreprise produit des dizaines de tonnes d’or chaque année. Par exemple, en 2020, Grupo México a extrait environ 31 tonnes d’or du sol, reflétant l’ampleur de ses opérations dans ce secteur.

En tant qu’homme d’affaires avisé, Larrea comprend l’importance de l’or en tant que couverture contre les fluctuations économiques et l’incertitude des marchés financiers, notamment au Mexique.

En 2019, il a déclaré :
« Investir dans différents métaux précieux est essentiel pour garantir la stabilité et la croissance à long terme de notre entreprise.« 

Mais à titre personnel, il est tout aussi conscient de l’importance de l’or dans la diversification de son patrimoine.

Lors d’une interview en 2018, il a ainsi déclaré :
« L’or offre une stabilité financière et une protection contre l’inflation et les dévaluations monétaires, un fléau qui frappe trop souvent l’Amérique Latine.« 

Même si on ne connaît pas la quantité d’or détenue personnellement par Larrea, sa richesse provient essentiellement des opérations d’extraction minière de son entreprise, dont plus de 20% du chiffre d’affaires vient directement de l’or. Et quand on sait que Grupo México a gagné plus de 14,3 milliards de dollars l’an dernier, on comprend que l’or occupe une place non négligeable dans la fortune de Germán Larrea Mota Velasco.

Terminons cette galerie de portraits en cassant les stéréotypes puisque la personne la plus riche tirant sa fortune plus ou moins directement de l’or est une femme, Gina Rinehart.

Née le 9 février 1954, Gina est l’une des femmes les plus riches du monde et la fille unique de Lang Hancock, un magnat de l’industrie minière qui a découvert l’un des plus grands gisements de fer au monde en Australie-Occidentale. À la mort de son père en 1992, Gina Rinehart prend les rênes de l’entreprise familiale, Hancock Prospecting, et transforme la société en un véritable empire minier diversifié. Aujourd’hui, sa fortune est estimée à 30,2 milliards USD, faisant d’elle non seulement la femme la plus riche d’Australie mais aussi l’une des personnes les plus influentes dans le secteur des ressources naturelles mondiales.

Bien que Gina Rinehart soit principalement connue pour ses investissements dans le minerai de fer, l’or constitue une part significative de son portefeuille d’investissements. Comme toujours, les estimations exactes de la quantité d’or qu’elle possède ne sont pas disponibles publiquement, mais on sait qu’elle détient des parts dans plusieurs grandes mines d’or en Australie-Occidentale notamment, reflétant une stratégie de diversification dans les métaux précieux.

On parle par exemple de Tropicana Gold Mine (306 000 onces d’or extraites annuellement), de Warrawoona Gold Project (100 000 onces par an) et de Plutonic Gold Mine (100 000 onces par an également), pour un chiffre d’affaires annuel global dépassant le milliard de dollars.

En 2020, lors d’une interview, Gina Rinehart a indiqué :
« L’or offre une sécurité contre les turbulences économiques et permet de protéger la valeur de nos investissements en périodes d’incertitude. C’est une assurance contre les chocs économiques imprévus, une ressource précieuse qui a maintenu sa valeur à travers les âges, et il est crucial pour tout investisseur avisé de comprendre son rôle dans la protection de la richesse. Mais aussi dans la possibilité d’en créer davantage.« 

Enfin, pour Gina, avoir de l’or dans son portefeuille d’investissements n’est pas seulement une mesure de sécurité. C’est aussi une stratégie pour tirer parti des hausses de prix des métaux précieux en période d’instabilité économique. Car lorsque la demande pour l’or augmente, ses entreprises d’extraction deviennent automatiquement très, très rentables.

Ce qu’il faut retenir :

  • Le patrimoine des individus les plus riches de la planète est principalement composé de valeurs financières, pas vraiment d’actifs tangibles.
  • Des familles royales, notamment d’Arabie Saoudite et des autres États du Golfe, ainsi que des propriétaires de grosses entreprises de bijouterie en Inde et en Chine, sans oublier quelques collectionneurs privés, sont connus pour détenir de grandes quantités d’or physique.
  • Les investisseurs qui ont réellement bâti leur fortune ou qui l’ont étendue avec l’or ont surtout cherché les avantages du métal précieux en tant que valeur refuge ainsi que pour son rôle comme protection contre les crises économiques et les dévaluations monétaires.

Avertissement

Toutes les informations publiées dans cet article proviennent de sources très variées (et parfois imprécises) qu’il a souvent fallu recouper pour obtenir des données aussi fiables que possible.

La majorité des éléments concernant la fortune des différentes personnes faisant l’objet de portraits sont tirés du classement Forbes de 2024, mais aussi de Bloomberg, Reuters ou CNBC.

Les informations concernant les entreprises citées ainsi que les volumes d’or produits par certaines d’entre elles proviennent de plateformes d’évaluation boursières mais aussi des sites officiels de ces sociétés lorsqu’ils contiennent ce type de données.

Enfin, comme les détails spécifiques concernant la part exacte d’or dans le patrimoine des individus ne sont généralement pas rendus publics — sauf si les personnes en question décident de divulguer ces informations elles-mêmes ou à travers des rapports réglementaires spécifiques, ce qui est rare pour des actifs personnels comme l’or — il reste difficile de garantir l’exactitude des données publiées ici.