Aujourd’hui, on a coutume de penser que la meilleure façon de protéger son argent c’est de le mettre à la banque. Pourtant, la grande majorité des Français avouent avoir une mauvaise image des banques, ils s’en méfient et ont le sentiment qu’elles sont globalement malhonnêtes, alors même que 99% d’entre eux disposent d’un compte bancaire. Donc finalement, fantasme ou réalité ? Notre argent est-il réellement en sécurité à la banque ? Devons-nous arrêter de nous inquiéter ou doit-on rester vigilant malgré tout ?
Les racines de la méfiance envers les banques
La banque telle qu’on la connaît aujourd’hui est née au milieu du XIXe siècle, en même temps que la révolution industrielle dont elle a largement favorisé le développement en nourrissant son énorme appétit de financements. Dans le même temps, l’État qui avait besoin de renflouer ses caisses rendues exsangues par les guerres impériales a très fortement incité les citoyens à déposer leur argent en banque, dans un grand mouvement de modernité et de patriotisme. Mouvement qui fut aidé par le fait que, de plus en plus de gens étant désormais employés par l’industrie, l’habitude allait aussi très rapidement être prise de payer leur salaire par chèque… qu’ils n’auraient d’autre choix que d’aller déposer à la banque. Il n’en fallut pas davantage pour que la méfiance s’installe dans la population.
La banque est alors rapidement devenue dans l’esprit du public la complice de ces grands patrons qui exploitaient la masse ouvrière pour mieux s’enrichir. Ce n’est pas un hasard si les principes fondateurs de la lutte des classes sont nés à cette époque-là (Karl Marx a écrit Le Capital en 1848…). De la même façon, lorsque plus tard la grande crise des années 30 fit exploser le système financier et ruina des millions d’individus en quelques semaines, c’est principalement la banque qu’on accusa d’avoir tué l’économie. Une mauvaise image qui persistera massivement jusqu’au milieu des années 1950.
Une garantie pour les dépôts des épargnants ?
On a tous en mémoire les images de ces épargnants ruinés qui se ruent à la porte d’établissements bancaires barricadés, de ces faillites qu’on disait pourtant impossibles, de ces gens désespérés après avoir appris que leurs économies de toute une vie s’étaient subitement envolées, comme si elles n’avaient jamais existé. Des images qui ne datent pas du début du XXe siècle, mais bien d’il y a quelques années à peine. Et on ne peut s’empêcher de se demander si, un jour ou l’autre, notre tour viendra. Depuis la crise de 2008-2009, de nombreuses mesures ont été prises par l’Union européenne pour limiter fortement ce genre de risques, à défaut de pouvoir éviter que ce type de crise se reproduise.
2007 – Londres : Après avoir demandé un prêt d’urgence à la Banque d’Angleterre, la Northern Rock a subi une fuite massive de clients
Parmi ces nouvelles règles, il en est une qui stipule que les dépôts des épargnants sont garantis par les États à hauteur de 100 000 euros par personne et par établissement. En clair, cela signifie que si une banque fait faillite, alors les économies de la plupart des épargnants sont protégées. La plupart car, si on parle uniquement de la France, le montant moyen de l’épargne s’élève à un peu moins de 45 000 euros. Par conséquent, on pourrait être tentés de se rassurer et se dire que, même en cas de crise grave menant à la faillite d’une ou plusieurs banques, on ne perdra pas nos économies.
Sauf que la réalité est un peu plus complexe… et un peu moins rassurante.
Comment l’épargne est-elle protégée en cas de faillite des banques ?
Né en 1999 suite à la faillite d’un acteur bancaire localement systémique, le Crédit martiniquais, le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution (FGDR) est un organisme d’intérêt général dont la mission, renforcée depuis 2010, “consiste à protéger les clients en cas de défaillance de leur banque et établissement financier. »
Concrètement, lorsqu’on « possède » de l’argent à la banque, on a en réalité uniquement un droit à utiliser un certain montant pour acheter ou investir à notre guise. Un peu comme si on avait l’accord de la banque pour dépenser ce qu’on veut dans la limite d’une certaine somme fixée par nos revenus, nos placements, etc. Mais dans les faits, il n’y a aucune contrepartie physique à notre patrimoine financier, tout est virtuel, basé sur la confiance et le crédit. Si un jour la banque est contrainte de fermer, principalement parce que ses dettes dépassent ses capacités financières, alors elle n’a plus les moyens d’assurer la continuité de sa mission, et elle ne peut donc plus nous permettre de dépenser de l’argent. C’est comme si, du jour au lendemain, notre solde utilisable (et donc disponible) passait à zéro !
Au passage, notons ici que c’est l’un des principaux avantages d’un service comme Veracash où l’intégralité des avoirs est adossée à des métaux précieux bien réels. Veracash n’étant qu’un intermédiaire entre vous et les biens que vous avez achetés (ici de l’or et de l’argent stockés en coffres gérés par des établissements indépendants), son éventuelle fermeture n’aurait aucune incidence sur votre patrimoine. Quoi qu’il arrive, vos métaux précieux existeront toujours et vous en serez toujours propriétaire.
Une couverture très incomplète des produits d’épargne
D’abord, tous les types de comptes ne sont pas concernés par la protection du FGDR. Certes, les comptes courants et les livrets d’épargne réglementés garantis par l’Etat (Livret A, Livret de Développement Durable et Solidaire, Livret d’Épargne Populaire) sont protégés, mais un grand nombre d’autres produits échappent à la garantie. Ainsi sont exclus :
– les bons de caisse ;
– les plans d’épargne retraite collectifs (PERCO, PERCO-I, PERE) ;
– les plans d’épargne entreprises et inter-entreprises (PEE, PEI) ;
– les billets, pièces et objets confiés au service de coffre de la banque ;
– les dépôts anonymes ou instruments non nominatifs, au titulaire non identifiable ;
– les dépôts ayant le caractère de fonds propres (parts sociales, certificats coopératifs) ;
– les dépôts libellés en cryptomonnaies, monnaies locales ou matières premières (même si ce genre de dépôt ne concerne plus, ou pas encore, les établissements bancaires).
Quant aux contrats d’assurance-vie ou de capitalisation qui sont vendus par les banques et dont les fonds sont détenus par ces dernières, ces produits sont en réalité souscrits auprès de compagnies d’assurance et ils ne sont donc pas couverts par la garantie en cas de faillite bancaire.
Au final, les chiffres de la Banque de France pour le 3e trimestre 2020 nous montrent que les produits couverts par le FGDR ne représentent que 32,5% des fonds épargnés par les ménages français.
Un fonds de garantie purement symbolique
Il est fort probable qu’en cas de faillite d’une banque française, même moyenne, le FGDR ne suffira pas. En effet, le fonds de garantie dispose de ressources évaluées à 4,7 milliards d’euros, en grande partie financées par les 465 établissements bancaires et financiers en activité en France (toutes les banques sont obligées d’adhérer). Sur cette somme, un peu moins de 4,5 milliards sont réellement destinés à garantir les dépôts des épargnants, le reste venant assurer la protection des titres et des cautions notamment.
Or, si on prend par exemple le Crédit Mutuel, 5e groupe bancaire français, son dernier rapport financier semestriel montre un encours des dépôts bancaires s’élevant à 408,9 milliards d’euros. En cas de faillite, le fonds de garantie ne couvrirait qu’un peu plus de 1% de cette somme. Même en comptant, les fonds propres comptables de la banque (49,6 milliards d’euros), ce sont malgré tout près de 90% des dépôts des épargnants qui seraient définitivement perdus.
Enfin, en cas de faillite plus globale du système bancaire, outre le montant bien plus élevé qu’il faudrait garantir, et que l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (APCR) évalue à 2817 milliards d’euros, dont 1106 milliards pour les seuls comptes courants, il est probable que l’État lui-même pourrait se retrouver en situation de cessation de paiement.
Quant à la solidarité internationale, même s’il est vrai qu’un Fonds de Résolution Unique existe à l’échelle de l’Union européenne, et s’il était possible de l’activer pour tenter de sauver une ou plusieurs banques systémiques, on parlerait alors de 42 milliards d’euros de garantie.
L’épargne est en sécurité à la banque… tant qu’elle n’est pas menacée !
Par conséquent, hormis de graves difficultés rencontrées par les banques, on peut considérer que l’argent des épargnants est plutôt en sécurité sur les comptes de dépôts et les livrets réglementés. Toutefois, l’intérêt d’une protection réside principalement dans son efficacité en cas de crise. Et, malheureusement, dans ce cas, il est évident que les mesures mises en place pour garantir les économies des Français sont totalement insuffisantes.
Comme lors des grandes crises de ces 150 dernières années, il est probable que seuls les premiers arrivés seront les premiers servis. C’est pourquoi, on ne saurait trop rappeler l’éternel conseil de bon sens qui veut qu’on ne met pas tous ses œufs dans le même panier, ou en l’occurrence, tout son argent auprès du même établissement financier.
Et pour aller plus loin, il paraît tout aussi judicieux d’acheter des biens tangibles, comme de l’immobilier ou des métaux précieux, qui feront office de réserves de valeur en cas de faillite du système fiduciaire, lequel est désormais presque complètement virtualisé et donc menacé de disparaître à la moindre défaillance technique… ou simplement comptable.
Auteur et consultant depuis plus de vingt ans dans le domaine de la communication stratégique, il a plusieurs fois travaillé pour le compte d'entreprises financières dont il décrypte aujourd'hui les coulisses et les mécanismes économiques de base à l'intention du plus grand nombre.